La manœuvre risquée d'un pilote sur le Mont-Rose en a choqué plus d'un ces derniers jours. Ce samedi 26 avril, à environ 4000 mètres d'altitude, l'alpiniste italien Luca Calzone a assisté à l'improbable atterrissage de l'avion-glacier.
Il filme la scène et s'aperçoit que l'avion redécolle en fonçant droit sur un groupe de randonneurs à ski. Le groupe échappe à la catastrophe de justesse et Luca Calzone s'exclame: «c'est de la folie!» Sous le choc, il publie la vidéo de cette périlleuse manœuvre sur internet.
«On ne se pose pas!»
De nombreux internautes ont partagé sa réaction, et parmi ceux-ci se trouve Michael Estermann, un instructeur de vol sur glacier avec 35 ans d'expérience. «Dans nos formations, nous donnons des instructions très claires aux élèves: s'il y a des randonneurs sur le glacier, on ne se pose pas!», nous explique-t-il. Dans une telle situation, le pilote doit se rabattre sur un autre terrain d'atterrissage.
En l'occurrence, «il n'aurait pas dû atterrir à proximité des randonneurs et s'il n'avait pas d'autre choix, il aurait dû s'arrêter en haut et attendre qu'ils soient partis. Ou alors décoller sans leur foncer dessus», enchaîne Michael Estermann.
«Nous n'avons pas le droit à l'erreur»
Selon lui, voler dans les Alpes, près des falaises, est très difficile. Le vent et les conditions d'enneigement peuvent être dangereux, à tel point que Michael Estermann parle de «vol de haute précision». «Nous n'avons qu'une seule chance d'atterrir proprement, nous n'avons pas le droit à l'erreur.» Il espère que la réputation des pilotes de glacier ne sera pas entachée par cet incident. «Nous incitons toujours nos élèves à faire preuve de respect envers l'homme et la nature», souligne-t-il.
Les raisons derrière la manœuvre dangereuse sur le Mont-Rose restent floues. Dans une lettre en anglais à ses «chers collègues pilotes et montagnards» et publiée mardi par les médias italiens, le pilote en question s'est excusé. Pour lui, il s'agissait d'«une grave erreur d'appréciation» qu'il a immédiatement signalée.
«Je suis profondément désolé pour cette communauté que j'aime par-dessus tout. J'espère que cela n'arrivera jamais à aucun d'entre vous», a-t-il ajouté. Il indique aussi qu'il vole depuis 45 ans et qu'il a suivi la formation pour les atterrissages et les décollages sur glaciers en 2015.
«Je n'ai jamais rien vu de tel»
L'appareil en question est un Piper SuperCub Pa18 enregistré au nom de l'Aéroclub de Genève. Il était utilisé à titre privé au moment de l'incident, a indiqué l'Aéroclub dans un communiqué.
L'affaire est maintenant entre les mains du service suisse d'enquête de sécurité Sust. L'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) a ouvert une procédure et le pilote risque une sanction pénale ainsi qu'un retrait temporaire de sa licence.
L'aéroclub de Genève a aussi ouvert une enquête interne «afin d'éviter qu'un tel événement ne se reproduise». Pour Michael Estermann, c'est bien la première fois qu'un tel incident se produit, à sa connaissance: «Je n'ai jamais entendu parler ou assisté à une telle manœuvre.»
