«Ils ne devraient pas s'en tirer comme ça»
Victime d'une arnaque par téléphone, ce patron d'une pizzeria a failli perdre 6000 francs

Un propriétaire de pizzeria zurichoise a été victime d'une arnaque téléphonique: la société Suchmaschinen Service GmbH lui a facturé des milliers de francs pour un site web dont il n'a jamais entendu parler. Mais tout a changé lorsque nous avons contacté l'entreprise.
Publié: 05.06.2025 à 18:03 heures
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Le restaurateur a reçu un appel publicitaire douteux en janvier de cette année.
Photo: Sandro Zulian
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Sandro Zulian

Le 22 janvier, le téléphone de Claudio Masier sonne au restaurant Okay Italia, à Zurich. «A l'autre bout du fil, il y avait une femme qui parlait très vite», se souvient l'Italien vivant en Suisse depuis 40 ans. Assommé par le débit insupportable de son interlocutrice, il ne comprend pas tout. A la fin, épuisé, il lâche un «oui, oui» et finit par raccrocher. «Je pensais qu'elle travaillait chez Google ou qu'elle faisait une sorte d'enquête ou quelque chose comme ça. Elle m'a parlé de mon restaurant et d'un site web», explique Claudio Masier.

La surprise ne s'est pas faite attendre: «Quelques jours plus tard, j'ai reçu une facture salée de 5000 francs!» Cette facture émane de la société Suchmaschinen Service GmbH et Claudio doit la payer, tout de suite.

5000 francs pour un travail mal fait

Mais Claudio Masier ne compte pas se laisser faire. Avec sa compagne, ils écrivent une lettre expliquant qu'il n'a jamais donné d'intention d'achat et encore moins de consentement lors de l'entretien téléphonique. La réponse? «Nous devons malheureusement vous informer qu'il n'est pas possible d'annuler la commande que nous avons exécutée, car un contrat juridiquement valable a été conclu entre vous et notre entreprise, et il est actuellement toujours en vigueur.»

Comme l'entreprise a déjà effectué le travail, il semble impossible d'annuler le contrat de vente. Par «travail effectué», les arnaqueurs entendent d'ailleurs une «fiche d'entreprise» sur Okay Italia créée en dilettante sur le site web suchmaschinenauskunft.com. Sauf que leur travail a été bâclé. Selon Claudio Masier, l'image du restaurant utilisée date de près de 20 ans, les heures d'ouverture ne sont pas correctes et la description semble générée par IA.

Est-ce légal?

Lorsqu'il met l'entreprise au courant de la médiocrité du travail accompli, cette dernière se défend: «Afin d'exclure toute erreur de notre part, nous avons contrôlé la légalité du contrat à l'aide de l'enregistrement sonore réalisé lors de la conclusion du contrat et n'avons constaté aucune anomalie». Lors de la conclusion du contrat, Claudio Masier a été informé «qu'un enregistrement audio de l'entretien serait réalisé pour la sécurité des partenaires contractuels impliqués». Il aurait ainsi donné son accord.

En vérité, l'entreprise profite d'une zone grise juridique: pour qu'un contrat conclu oralement soit valable devant un tribunal, différents points doivent être remplis. Par exemple: les partenaires contractuels doivent se mettre d'accord sur les prestations et sur le prix au téléphone. Bien que Claudio Masier n'ait pas tout compris aux propos de son interlocutrice, il est néanmoins sûr d'une chose: «elle n'a jamais parlé de 5000 francs, sinon j'aurais raccroché d'office». Pour se sortir de ce bourbier, il s'est adressé à la police, qui lui a d'abord répondu: «Si jamais cela vous arrive à nouveau, ignorez-les, c'est de la merde».

«Ils ne devraient pas s'en tirer comme ça»

Mais Claudio Masier vient de recevoir une lettre qu'il peut difficilement ignorer, car elle provient d'un bureau de recouvrement en Allemagne. Il y est écrit «demande de paiement». «C'est là que j'ai su que je devais porter plainte», confie-t-il à Blick. Sa plainte est toujours en cours.

«
Il y a des gens qui sont trop faibles pour se défendre. Et ils paient tout simplement!
Claudio Masier, propriétaire du restaurant Okay Italia
»

En parallèle, d'autres lettres du bureau de recouvrement arrivent: «affaire de créance» et «dernier rappel». Le soixantenaire est hors de lui: «Ils ne devraient pas s'en tirer comme ça. Il y a des gens qui sont trop faibles pour se défendre. Et ils paient tout simplement!» Entre-temps, le montant exigé est passé à 5916 euros.

Blick se renseigne, la facture disparait

Un matin, Blick propose par écrit à l'entreprise de s'exprimer sur l'affaire. Le même jour, deux heures plus tard, Claudio Masier reçoit un e-mail de sa part. Il y est écrit: «nous attachons beaucoup d'importance aux relations de confiance avec nos partenaires. C'est pourquoi nous confirmons par la présente l'annulation de la commande et la fin du contrat conclu entre nous.» En bref, l'entreprise abandonne la créance impayée de près de 6000 francs.

Ce type d'arnaque ne date pourtant pas d'hier. Il y a plus de deux ans déjà, la RTS mettait en garde contre les conversations commerciales douteuses au téléphone, et visait notamment une femme de Suchmaschinen Service GmbH, qui parlait très vite.

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