Environ 240'000 tonnes de déchets d'abattage sont produites chaque année en Suisse. Environ deux tiers d'un porc ou d'un bœuf tué pour la production de viande ne sont pas consommés, mais finissent dans les déchets, ce que les abattoirs appellent les «sous-produits d'abattage».
Certains des déchets d'abattage sont revendus - en Asie pour les oreilles et les pieds de porc, par exemple, où ils sont consommés avec plaisir -, d'autres sont utilisés par l'industrie pharmaceutique pour la production de médicaments et des cosmétiques. Des huiles, du biodiesel et des engrais en sont également tirés. Une certaine partie de l'alimentation animale est également basée sur ces déchets, mais elle est soumise à une réglementation stricte. Depuis vingt ans, il est interdit en Suisse de donner des farines animales aux animaux de ferme à cause de l'épidémie d'ESB, ou «vache folle», chez les bovins.
Moins d'importations, plus de protection de l'environnement
Mais le Conseil fédéral semble avoir changé d'avis: il pense à lever partiellement l'interdiction. Le gouvernement recommande l'acceptation d'une motion de Manuel Strupler, conseiller national UDC de Thurgovie. Son argument? La récente adaptation des directives de l'UE. Si la Suisse ne suit pas cette voie, elle sera désavantagée par rapport à la concurrence, affirme le Thurgovien. «Il faut arrêter la destruction de ces protéines de haute qualité, fulmine-t-il. Le retour d'un maximum de protéines produites à partir de déchets d'abattage dans l'alimentation des animaux omnivores réduit les importations de protéines végétales et préserve ainsi les ressources.» Ainsi, nourrir les animaux avec des protéines issues de déchets d'abattage permettrait de limiter l'importation de protéines végétales, ce qui serait écologique.
Pour les ruminants, l'alimentation à base de farine de viande et d'os doit rester proscrite. En revanche, le poulet serait réintroduit dans l'alimentation des porcs et le porc dans celle des poulets. Le Conseil fédéral a cependant énoncé une règle à laquelle il ne sera pas possible de déroger: tout risque pour la santé des consommateurs et des animaux doit être écarté avant qu'un aliment soit réintroduit dans une mangeoire.
Les insectes pourraient être utilisés
Dans l'UE, les aliments pour animaux peuvent désormais être produits à partir d'insectes. La Suisse pourrait également suivre le mouvement: actuellement, seuls les poissons peuvent être nourris par des insectes. L'alimentation animale serait ainsi plus durable: au lieu du soja, dont la culture entraîne de fortes émissions de CO2, des asticots et des larves pourraient être utilisés.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)