L'achat des avions de combat américains F-35 pourrait coûter bien plus que prévu à la Suisse. Selon les recherches de Beni Gafner, journaliste indépendant, les Etats-Unis exigent 1,3 à 1,5 milliard de francs supplémentaires. Le prix initial de 6 milliards de francs ne serait donc plus d'actualité.
La raison invoquée pour justifier cette hausse des prix? L'augmentation des coûts de production. Selon les services américains, un prix fixe n'a pas été convenu avec la Suisse pour les 36 avions de combat.
Selon nos recherches, la ministre de la Défense de l'époque, Viola Amherd aurait été informée de cette hausse de prix dès l'été 2024. Néanmoins, elle n'aurait transmis l'information à l'ensemble du Conseil fédéral que plusieurs mois plus tard.
Martin Pfister a démenti au Parlement
Lundi encore, le successeur de Viola Amherd au DDPS, Martin Pfister, a démenti lorsque le conseiller national socialiste Fabian Molina a posé une question à ce sujet. «Si la situation devait changer, nous en informerons», a déclaré le conseiller fédéral.
Pour le député de gauche, cette réaction en dit long: «Le conseiller fédéral Martin Pfister vient d'entrer en fonction. Il a maintenant la chance d'instaurer de la transparence avant que l'accord sur le F-35 ne se transforme en catastrophe politique.» A ses yeux, le gouvernement doit rapidement mettre les choses au clair.
Coup du destin: Fabian Molina et sa collègue du Conseil des Etats Franziska Roth avaient déposé des interventions avant même ces dernières révélations. A présent, ils exigent que les éventuelles dépenses supplémentaires soient obligatoirement soumises au Parlement et, le cas échéant, au vote du peuple.
Une affaire similaire dans les années 1960
Les électeurs se sont prononcés en faveur de l'acquisition des F-35 en 2020, en acceptant la somme de six milliards de francs suisses. Si ce prix venait à changer, il faudrait, aux yeux des députés socialistes, impérativement une nouvelle légitimation démocratique. Rappelons que la décision en faveur des avions de combat a été prise de justesse, avec tout juste 50,1% de voix favorables.
«Si le plafond de six milliards est dépassé, alors le peuple aura été mené par le bout du nez!», déclare Franziska Roth à Blick en dressant un parallèle explosif: «Cela ressemblera beaucoup à un nouveau scandale Mirage!»
Lors de cette affaire politique des années 1960, le Parlement avait approuvé une importante acquisition d'avions Mirage. Mais le marché s'est alors élargi et les coûts ont explosé. Une vague de démissions avait suivi.
Les partis conservateurs soupçonnent une manœuvre
De leur côté, les politiciens conservateurs appellent à la retenue. «On ne peut actuellement parler que de spéculations», souligne le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Werner Salzmann à «10 vor 10», magazine d’informations de la RTS.
Malgré ces annonces, la conseillère aux Etats du Centre Andrea Gmür continue de soutenir l'achat des F-35, en rappelant que cet avion de combat est clairement sorti vainqueur de la procédure d'évaluation.
En coulisses, les partis conservateurs soupçonnent une manœuvre: selon eux, la gauche a rejeté le F-35 dès le débu et profite maintenant de toutes les occasions pour faire échouer cette acquisition.
Dans une déclaration à l'agence de presse Keystone-SDA, le DDPS affirme que le Conseil fédéral veut maintenir le prix convenu au départ. Il continuera d'examiner la situation et informera en conséquence en cas de changement.