Les filles se trouvent trop grosses, les garçons trop maigrelets. Ça n'est pas qu'un cliché qui a la vie dure, c'est un phénomène qui empire et qui impacte fortement la santé mentale des jeunes Suisses. Une étude nationale, intitulée Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) et commanditée par l'Office fédéral de la santé publique, montre que la moitié des filles sont mal dans leur corps, révèle «24 heures».
En effet, 56% des filles de 11 à 15 ans ne sont pas satisfaites de leur poids, contre 46% des garçons. Seulement 20% des jeunes filles de 14 à 15 ans sont heureuses de leur apparence, contre 43% des garçons. Les 5% d'adolescents qui se trouvent «beaucoup trop gros» sont plus fréquemment des filles, et les 3% qui s'estiment «beaucoup trop maigre» sont surtout des garçons.
Retoucher ses photos, envier des photos retouchées
Un point de contexte nécessaire est apporté par le quotidien: environ 73% des ado de 11 à 15 ans ont un poids parfaitement normal. En effet, les tricheries sur les réseaux sociaux auraient un énorme impact sur la perception de soi. Les retouches photos sont pointées du doigt, notamment par Nathalie Farpour-Lambert, pédiatre et médecin associée responsable du programme Contrepoids aux HUG, citée par nos confrères.
Toujours selon le quotidien, une étude britannique datée de 2020 montre que 90% des femmes de 18 à 30 ans utilisent des filtres pour corriger leur apparence avant de poster des photos sur les réseaux. Un cercle vicieux, selon la cheffe du Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHUV et professeure à l’Université de Lausanne, Kerstin von Plessen. En effet, les femmes retouchent leur image puis se sentent encore moins à l'aise avec leur apparence en observant les photos retouchées des autres.
Harceler un enfant en surpoids
Les écoles suisses n'échappent pas à ce culte de la minceur. Les jeunes en surpoids ou obèses sont moqués, discriminés ou harcelé par leurs pairs, un phénomène qui entraîne «une baisse de l'estime de soi, une insatisfaction quant à l’apparence physique et des troubles psychiques», dit la doctoresse Farpour-Lambert.
Pourquoi les jeunes filles avant tout?
Kerstin von Plessen résume la situation en un clin d'œil: ça n'est pas tellement l'indice de masse corporelle des jeunes Suisses qui a changé, c'est leur estime d'eux-mêmes. Et cette pression sociale pousse facilement vers des régimes très restrictifs, qui à leur tour peuvent conduire à des troubles alimentaires. Le Service universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (SUPEA) du CHUV a d'ailleurs ouvert une consultation dédiée aux troubles alimentaires des jeunes.
Pour la pédopsychiatre Kerstin von Plessen, cette étude HBSC doit tirer un signal d'alarme. Surtout en ce qui concerne les jeunes filles: leur malaise devrait être étudié pour «en connaître les symptômes concrets et savoir d'où il vient», rapporte enfin «24 heures».