Malgré son élimination du Montreux Nestlé Open en 16es de finale mardi, Sada Nihamana a réalisé un pas de plus dans sa carrière. Trois mois après avoir remporté son premier match dans le tableau final d'un tournoi WTA, la Burundaise était de retour sur le circuit. Elle est par ailleurs la seule joueuse professionnelle du Burundi à apparaître au classement WTA, actuellement en 220e position. Aucun Burundais n’apparaît non plus au classement ATP, ce qui fait de Sada Nihamana le fer de lance du tennis de ce petit pays d'Afrique centrale.
«C’est vrai que c’était un peu bizarre quand j’ai commencé à jouer en Europe. Je suis arrivée en France et il n’y avait que des blancs qui jouaient au tennis. J’étais un peu timide au début», explique-t-elle à Blick. «Mais maintenant, même dans la difficulté, je suis fière de ce que je fais et fière de représenter l’Afrique.»
Des sacrifices très jeune
Après avoir commencé le tennis grâce à son père, entraîneur dans un club, Sada part très tôt au Maroc pour intégrer un centre de formation pour les jeunes joueurs et joueuses du continent africain. Elle se consacre dès lors uniquement à sa carrière. Ses parents et sa famille sont restés au Burundi et doivent se contenter de suivre la carrière de leur protégée à distance. «J’ai fait énormément de sacrifices pour réussir, mais je sais que c’est tout autant un sacrifice pour eux que ça l’est pour moi».
Actuellement, Sada Nihamana est installée en France où elle s’entraîne. «Je me sens bien dans ce pays, l’ambiance à l’entraînement est saine et je peux progresser» explique-t-elle, sans cacher son envie d’un jour pouvoir faire venir sa famille. «Même moi, je ne vais les voir qu’une fois dans l’année, parce que les billets d’avion peuvent monter jusqu’à 3000 euros. Mais peut être un jour, quand j’aurai assez d’argent, ils pourront peut-être me rejoindre», espère-t-elle.
Au Burundi, le tennis se joue dans les hôtels
Seule joueuse professionnelle burundaise dans le monde, Sada représente à elle seule tout un pays. Ne bénéficiant que très peu d’attrait et de visibilité à côté du football, du basketball ou de l’athlétisme, le tennis peine à se faire une place dans la société burundaise. «En réalité, nous n’avons q’un seul club de tennis pour tout le pays!» explique-t-elle, «Il n’y que très peu de terrains, et la plupart sont dans des hôtels.»
En raison du manque de licenciés et de compétitivité, très peu de joueurs et joueuses réussissent à sortir du pays pour jouer au tennis. « Le problème, c’est qu’il n’y a pas de compétitions pour les jeunes au Burundi. Il y a beaucoup de talents, mais sans compétitions, c’est impossible de rivaliser avec l’Europe.»
Une star au Burundi
Même si le tennis n’est pas la discipline qui fait vibrer les foules au Burundi, la carrière de la seule joueuse professionnelle burundaise est tout de même suivie. En avril de cette année, Sada remporté le tournoi ITF W50 à Bujumbura, la capitale de son pays natal. Elle a été portée en triomphe au terme de la finale et a célébré sa victoire avec ses fans. «Je suis un peu une star au Burundi, je dois bien l’avouer», rigole-t-elle, «Il n’y presque jamais de tournoi ici, donc les gens étaient contents de me voir!»
Malgré ce statut, Sada témoigne d’une humilité et gentillesse rare sur le court. Malgré son élimination 6-0 6-3 mardi au Montreux Nestlé Open, la joueuse remercie un ramasseur de balles et se permet d’échanger amicalement avec un juge de ligne. Ce genre de comportements plutôt rares sur un court témoignent d’une certaine humilité, conservée depuis son enfance. «Je pense que ça vient de mon éducation. Je suis privilégiée d’être ici et j’essaye d’être gentille avec tout le monde, même dans la difficulté», explique-t-elle.
Quelques jours seulement après avoir disputé pour la première fois les tours de qualification de l’US Open, Sada Nahimana rêve encore plus grand. A 24 ans, elle rêve de faire parler de son pays tout autour du monde.