Novak Djokovic a accordé une longue interview au média américain CBS en ce début de semaine. Dans celle-ci, l'incontestable meilleur joueur de tennis de tous les temps détaille quelques recettes qui l'ont rendu imbattable. Celui qui a construit ou fait rénover plus de 50 écoles en Serbie, un nombre qui n'a pas fini de croître, se confie à cœur ouvert.
La dimension psychologique du duel
«Il n’y a pas de contact physique au tennis mais il y a quand même beaucoup de contacts visuels quand on change de côté, quand on est assis et qu’on voit l’adversaire boire sur l’écran géant, je le regarde. Comment boit-il? Transpire-t-il plus que d’habitude, respire-t-il profondément ou pas? Je regarde comment il communique avec son équipe. Tous ces éléments affectent la performance. La force mentale n’est pas un don. Cela vient avec le travail. Il y a différentes techniques de l'améliorer. La respiration consciente est une partie importante dans les gros moments de tension. Je donne l’impression d’être imperméable mais il y a une tempête à l’intérieur, croyez-moi. La plus grosse bataille est avec soi-même.»
Les doutes et les peurs
«Je ressens le doute à tous les matches. Je n’aime pas cet état d’esprit que je vois beaucoup dans le sport où l’on dit : Ne pense qu’à des choses positives, soit optimiste. Il n’y a pas de place pour l’échec, pas de place pour les doutes. C’est impossible! Tu es un être humain. La différence entre les plus grands champions et ceux qui ont des difficultés à atteindre le plus haut niveau est la capacité à ne pas rester dans ces émotions trop longtemps. Pour moi, c’est très court. Dès que je les ressens, j’en ai conscience, peut-être que j’explose, que je crie, peu importe, mais ensuite je suis capable de rebondir et de me recentrer.»
L'hostilité du public
«La quantité de pression et de stress est tellement plus élevée si vous avez le public contre vous. La plus grande partie de ma carrière, j’étais dans un environnement hostile. J’ai appris à évoluer dans cet environnement et les gens pensent que c’est mieux pour moi si les gens ne m’aiment pas car je peux jouer mon meilleur tennis. C’est arrivé mais j’apprécie plus être dans un environnement où je suis soutenu.»
Les duels avec Rafael Nadal
«Je joue Nadal à Roland-Garros et mon casier est à côté du sien. On est très proches. On essaye de se donner de l’espace. Mais le vestiaire n’est pas si grand. Et Nadal saute partout avant d’entrer sur le court. Dans les vestiaires, il fait des sprints à côté de toi. Je peux même entendre la musique qu’il écoute. Donc cela m’énerve. Au début de ma carrière, je n’avais pas réalisé à quel point cela fait d’un scénario. Donc j’étais intimidé par cela. Mais cela me motivait aussi à faire des choses pour lui montrer que j’étais prêt. Je suis prêt pour le combat, pour la guerre.»
La nouvelle génération
«Je suis devenu le joueur le plus âgé à gagner l'US Open lorsque j'ai battu Daniil Medvedev en finale cette année. Les jeunes joueurs sont une motivation pour moi. Je vois qu'ils ont faim. Je pense que, quelque part, ils ont réveillé une bête en moi. Parfois j'ai honte de mes comportements, mais je dois accepter de ne pas être parfait.»