Ils sont des milliers, en grande majorité vêtus du maillot jaune le plus célèbre d'Europe pour qui ne s'intéresse pas au cyclisme (ni au FC Nantes): les supporters de l'équipe nationale suédoise ont afflué en grand nombre dans le gigantesque «Mall of Scandinavia» tout au long de la journée de vendredi, chantant leur amour pour leurs joueurs au milieu des échoppes Pandora, Chanel, Calvin Klein et Calzedonia, pour les esthètes. Ce centre commercial, qui s'étend sur 100'000 m2 et compte 244 enseignes, est le lieu des rendez-vous des supporters, vu qu'il se trouve sur le même parvis que la Strawberry Arena et ses 50'000 places assises, qui représentent autant de consommateurs potentiels.
Des boulettes de viande et des bières
Alors, à quelques heures du match, tout ce petit monde mange des boulettes de viande (entre autres, vu que toutes les cuisines imaginables sont représentées au Mall of Scandinavia, ou presque, vu qu'on n'a pas trouvé de «Swiss Chalet») et descend des litres de bière. L'atmosphère est sympa, vraiment bon enfant, et les supporters de la Nati (ils sont 1800 à avoir effectué le voyage, dont l'emblématique humoriste vaudois Bouillon) se font chambrer gentiment, échange d'écharpes à la clé. Les Suédois et les Suisses, ces deux peuples que tout le monde confond aussi gaiement que les Slovènes et les Slovaques, s'entendent bien, même si l'un a l'habitude de mettre des raclées à l'autre quel que soit le sport pratiqué.
Il y aura de l'ambiance dès 20h45 à la Strawberry Arena, c'est une certitude, et les Suédois croient encore fermement à la qualification malgré la débâcle des deux premiers matches à Ljubljana (2-2) et Pristina (défaite 0-2): ici, tout le monde est bien conscient qu'en s'imposant deux fois à domicile, ce vendredi contre la Suisse et lundi contre le Kosovo, la Suède reviendrait dans la course à la première place. Et, de toute façon, Viktor Gyökeres et ses copains sont quasiment assurés de disputer les barrages grâce à leurs bons résultats en Ligue des Nations quel que soit leur résultat final dans ce groupe.
Le stade sera plein: 50'000 personnes, avec le toit ouvert
La ferveur populaire, sur laquelle compte énormément Jon Dahl Tomasson pour renverser la Suisse ce vendredi, peut-elle être de nature à faire douter, voire même vaciller, Granit Xhaka et ses coéquipiers? Ce ne sera pas une ambiance digne d'Istanbul ce vendredi, bien sûr, tant personne ne peut rivaliser avec les Turcs quand il s'agit d'enflammer un stade, mais tout de même: un stade rempli à ras bord, avec 50'000 personnes, a de quoi intimider chaque joueur, d'autant que la Suède est redoutable à domicile, elle qui y a remporté six de ses sept derniers matches. La chance pour la Suisse: ses joueurs ont tous suffisamment d'expérience pour savoir faire face. Une équipe plus jeune pourrait peut-être perdre pied, mais pas cette Nati et ses leaders, habitués à toutes les batailles. A noter, c'est important, que le toit de la Strawberry Arena restera ouvert, les prévisions météo annonçant environ 10 degrés et pas de pluie au coup d'envoi.
Il n'empêche: tout paraît presque trop calme autour de cette équipe de Suisse, peut-être même un peu trop positif. Les deux matches très facilement maîtrisés face au Kosovo (4-0) et la Slovénie (3-0) en septembre ont rassuré tout le monde, d'autant que (ou même si?) les scores étaient acquis à la pause et que les deux rencontres ont sombré dans une léthargie profonde en deuxième période.
La Suisse a tous les voyants au vert
Intraitable en défense, efficace en attaque, avec des leaders en forme avec leur club (Granit Xhaka et Manuel Akanji en tête) et son avant-centre, Breel Embolo, marque à tous les matches: que peut-il arriver à cette équipe de Suisse, qui peut même se permettre le luxe de perdre ce vendredi et de rester leader?
La pression, c'est certain, est sur la Suède, qui a en plus perdu son gardien titulaire et compte plusieurs joueurs incertains, et tous les signaux sont au vert pour la Nati, débarrassée de toute pollution éventuelle en ce mois d'octobre et au sein de laquelle les rôles sont clairement établis, des cadres aux titulaires en passant par les remplaçants.
Trouver le bon équilibre, la clé
Le piège, c'est évident, est justement là: cette équipe de Suisse doit profiter de la confiance qu'elle a emmagasinée depuis le début de l'année sans tomber dans la facilité. Elle doit trouver la bonne dose d'agressivité, sans en faire trop, défendre sans oublier d'attaquer, et faire preuve de la discipline nécessaire. En clair, comme toujours, trouver le bon équilibre. Le ticket vers les Etats-Unis est à ce prix et la Suisse ne doit surtout pas oublier qu'être en position favorable ne garantit rien, sinon de tomber de haut en cas d'échec.