John Dahl Tomasson était d'excellente humeur en ce jeudi, veille de match face à la Suisse. L'oeil rieur, le sélectionneur danois de la Suède avait visiblement à cœur de diffuser des ondes positives devant la presse. Face à lui, dans la salle de presse du sublime Strawberry Stadium, une enceinte au nom aussi ridicule que sa beauté est époustouflante, une vingtaine de journalistes suédois, lesquels ne partageaient pas tous sa bonne humeur. Et de loin.
«Quelle raison trouvez-vous d'être aussi optimiste?», a même osé demander l'un d'eux, visiblement pas aussi enthousiaste que le sélectionneur. «Mais parce que demain, nous allons vivre un super match. Le stade sera plein, il y aura plus de 50'000 personnes, nous allons jouer une rencontre contre un super adversaire. J'espère que le public nous poussera. Ce sera fun!», a répondu l'ancien buteur du Milan AC, avec un sourire radieux.
Aucune raison d'être inquiet, vraiment?
Oubliées, les deux prestations décevantes pour entamer cette campagne de qualification? Il a tenu à corriger la question d'un autre journaliste. «Déjà, je tiens à dire que notre match en Slovénie était bon. Nous avions le résultat que l'on voulait en main et nous avons concédé l'égalisation en toute fin de match. Et ensuite, au Kosovo, nous n'étions pas nous-mêmes. Je suis confiant pour vendredi», a-t-il répondu, comme pour chasser toute énergie négative alors que son équipe compte cinq points de retard sur la Suisse après deux matches.
Un reporter insiste: «Sentez-vous que les joueurs ont encore confiance dans votre système?» «JDT» le regarde droit dans les yeux: «Les joueurs adorent ce système. Il est nouveau. Mais ils adorent jouer de cette manière.» Et ils sont à fond derrière lui, assure-t-il, loin de la polémique concernant le poste de gardien qui a pourri les derniers jours, le portier titulaire Robin Olsen claquant la porte de la sélection.
Viktor Lindelöf le contredit, il riposte
Les médias suédois ont ensuite essayé de l'opposer à Viktor Lindelöf, puisque le grand défenseur central s'est dit apte à jouer 90 minutes, alors que son coach avait affirmé la veille qu'il ne l'était pas. Qui dit la vérité?
«Viktor est un grand leader, un joueur important. Il vient de retrouver un club, je suis très content pour lui. Et je maintiens ce que j'ai dit: aujourd'hui, il ne peut pas jouer un match entier. Il y a une différence entre un attaquant et un défenseur. Un attaquant, s'il n'est pas prêt et qu'il joue, il peut faire une boulette, manquer un ballon, il ne se passera rien de grave. Un défenseur, s'il se plante parce qu'il n'est pas à 100%, il y a but pour l'adversaire. Il faut du temps pour revenir au top, regardez Liverpool qui a pris tout le temps nécessaire pour mettre Alexander Isak à bon niveau physique.» La réponse est claire. Viktor Lindelöf, qui vient d'arriver à Aston Villa et n'a pas encore enchaîné les minutes, ne sera pas titulaire face à la Suisse.
Alexander Isak est sûr d'être sur le terrain, mais pour le reste...
Qui est sûr de l'être d'ailleurs? «Le gardien Viktor Johansson et Alexander Isak», a souri Jon Dahl Tomasson, indiquant que le choix était fait concernant le capitaine. «Vous verrez demain. Nous avons un groupe de capitaines et Alex est l'un d'eux. Mais celui qui portera le brassard, je ne le vous dis pas aujourd'hui.»
Isak Hien, le défenseur de l'Atalanta, et Anton Salétros, milieu de l'AIK Solna, sont eux toujours incertains et leur état de santé est évalué heure par heure. «Les médecins ont fait un super travail, nous prendrons notre décision au bon moment», enchaîne le sélectionneur, qui a un plan bien précis en tête pour renverser la Suisse et revenir à deux points d'elle dans ce groupe de qualifications.
«La première chose, c'est que c'est toujours plus simple de jouer à la maison, surtout pour une équipe jeune comme la nôtre. La Suisse est une équipe très solide, très mature, qui sait bien jouer avec et sans le ballon. Ses joueurs se connaissent depuis longtemps, ils ont des automatismes. Et puis, ils restent sur six campagnes qualificatives réussies. La Suède a raté ses deux dernières. La Suisse est une équipe qui contrôle bien le jeu, mais qui a aussi des défauts.» Lesquels? «Je ne vous le dirai pas avant le match», rigole un Jon Dahl Tomasson décidément d'excellente humeur. Alexander Isak en a même profité pour chambrer son coach. «Il en dit déjà beaucoup trop!», a souri l'avant-centre, assis à côté de lui.
Une surprise dans la composition?
S'il a une stratégie bien établie, il refuse évidemment de la dévoiler. «Ce que je peux dire, c'est qu'on sait que la Suisse ne va pas nous laisser beaucoup de possibilités de marquer. On devra les utiliser. Et ils sont bons sur coup de pied arrêté aussi. Après, bien sûr qu'on croit en nous et qu'on va préparer quelque chose...» U
ne surprise est-elle possible, comme par exemple la titularisation du tout jeune Roony Bardghji, lequel est gentiment en train de se faire sa place au Barça, à 19 ans? «Des changements, on en fait à chaque match. Ca peut être un joueur, une petite adaptation tactique. On aura quelque chose», promet le Danois, lequel a confiance dans son équipe malgré sa position défavorable au coup d'envoi.
Une dernière blague pour finir
«Avec l'énergie du stade, qui s'annonce massive, et quand je vois comment cette équipe s'entraîne et son état d'esprit, j'ai toutes les raisons d'être optimiste. On vit bien ensemble, on pense collectif, ce qui est la base de tout, dans le football comme dans la vie», assure l'ancien avant-centre, lequel n'a toutefois pas trouvé de bonnes conditions pour s'entraîner ces derniers jours et a souvent dû se rabattre sur le synthétique. «C'est comme ça, vous n'allez pas forcément trouver de bons terrains à Stockholm à cette période de l'année. Mais quand je jouais, on s'entraînait parfois sur des terrains qui ressemblaient à des parkings, donc on ne va pas se plaindre aujourd'hui.» Et il rigole encore!