La Fribourgeoise se livre
Leila Wandeler: «L'Euro a complètement changé ma vie»

Révélée lors de l’Euro, Leila Wandeler savoure son nouveau défi à West Ham. Entre apprentissage, ambition et nostalgie d’un été inoubliable, la Fribourgeoise raconte sa nouvelle vie de l’autre côté de la Manche.
Publié: 19:14 heures
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Dernière mise à jour: 19:17 heures
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Photo: keystone-sda.ch
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Bastien FellerJournaliste Blick

En un été, Leila est passée de l’ombre à la lumière. Révélation suisse de l’Euro, la jeune attaquante a quitté Lyon pour tenter l’aventure anglaise. À West Ham, elle découvre la Premier League, son intensité, et une nouvelle vie outre-Manche.

Avec un peu de recul, quel regard poses-tu sur cet Euro?
Déjà, ça a complètement changé ma vie. Avant ça, je jouais avec l’équipe réserve de Lyon, et cette compétition m’a apporté tellement de visibilité que je joue maintenant dans l’une des meilleures ligues du monde. Je garde le souvenir d’une expérience folle, et j’en suis encore un peu nostalgique.

Tu en rêves encore, parfois?
(Sourire) Pas vraiment, mais disons que… Pendant deux mois, j’ai vécu avec des filles que je ne connaissais pas forcément bien avant, et on est devenues très proches. C’était une super ambiance. Passer autant de temps ensemble, partager les mêmes émotions, ça crée des liens forts. Et puis, jouer une telle compétition dans des stades pareils, avec une telle atmosphère, c’est quelque chose qu’on n’oublie pas.

On a beaucoup parlé de toi, on t’a présentée comme la révélation côté suisse. Comment as-tu vécu toute cette attention soudaine?
Honnêtement, ça n’a pas été trop difficile à gérer, parce que tout est venu en positif. Les gens appréciaient ce que j’apportais sur le terrain et en dehors, donc c’était surtout agréable. C’est vrai que tout est arrivé très vite, mais après, j’ai eu pas mal de blessures avant, alors j’ai pris ça avec du recul.

Cette exposition met-elle une certaine pression pour la suite?
Pas vraiment. Bien sûr, on en parle beaucoup, mais je sais que je dois être patiente. Je suis encore jeune, j’ai du temps pour atteindre le niveau que je veux. Je ne suis pas encore la joueuse mature que j’aimerais être. Donc, au lieu de me mettre la pression, je préfère continuer à progresser tranquillement.

Tu dis que ça a changé ta vie sur le terrain, mais aussi en dehors? On te reconnaît dans la rue?
En Suisse, oui, ça peut arriver, surtout parmi les gens qui suivent le foot féminin. Mais sinon, je reste la même personne. En Angleterre, personne ne me reconnaît, et c’est plutôt agréable d’avoir cette liberté. Pendant l’Euro, en revanche, on m’a reconnue quelques fois, et c’était sympa aussi.

Leila Wandeler est entrée en jeu à trois reprises durant l'Euro.
Photo: Toto Marti

Après le tournoi, tu as eu beaucoup de sollicitations compte tenu de ta situation en club qui n’était pas évidente à ce moment-là?
L’Euro était l’événement le plus suivi en Europe cette année et il a pris une ampleur incroyable. J’ai eu une visibilité que je n’avais jamais eue. Ensuite, il a fallu faire des choix pour mon avenir et ce n’était pas forcément évident. Je n’avais pas toute l’Europe à mes pieds, mais quelques bonnes options à considérer.

Pourquoi avoir choisi West Ham?
Dès les premiers échanges, ils ont montré un vrai intérêt et un beau projet pour moi. La coach m’a parlé pendant l’été, et j’ai tout de suite senti que c’était ce que je cherchais: un projet où je pourrais me développer, atteindre mes objectifs.

Tu peux en dire un peu plus sur ce projet?
Le club veut faire de moi une excellente joueuse offensive. Ils m’ont dit clairement qu’ils allaient être patients, qu’ils croyaient en mon potentiel, et qu’ils allaient m’accompagner pour que je progresse à mon rythme et que j’atteigne mes objectifs. C’est exactement ce dont j’avais besoin.

J’ai lu dans le communiqué du club que Londres était ta ville préférée au monde. Qu’est-ce qui la rend si spéciale?
(Rires) Non, j’ai dit que c’était une de mes villes préférées, pas la préférée au monde. Je n’ai pas visité le monde entier pour pouvoir le dire. Mais c’est vrai que j’adore cette ville: la diversité, l’ambiance, tout me plaît.

Et maintenant que tu y vis, tu gardes la même opinion?
Je confirme, j’aime toujours autant! Même si je n’ai pas encore eu le temps de faire tout ce que je voulais. J’ai seulement trouvé un appartement récemment, qui se trouve près du centre d’entraînement, donc je me concentre surtout sur les entraînements. Mais dès que je peux, j’adore visiter.

Lyon, c’est proche de la Suisse. Londres, c’est un autre monde. C’est le premier grand changement dans ta vie.
Oui, même si partir à Lyon avait déjà été un gros pas. Là, c’est encore plus grand, mais j’ai gagné en maturité. Ma famille aime aussi Londres, donc elle vient souvent me voir. Et puis, c’est bien de se challenger, de réussir dans un environnement qu’on ne connaît pas.

Tu réalises tout ce qui t’arrive depuis le printemps?
Pas complètement. Je pense que c’est important que je me concentre surtout sur moi. Certains me disent: ‘Tu te rends compte, personne ne te connaissait avant l’Euro!’ J’ai eu de belles opportunités et j’en suis reconnaissante. Mais je préfère rester dans ma bulle et travailler comme avant.

La Premier League, c’était un rêve?
Oui, clairement. C’est l’une des ligues les plus intenses et les plus relevées au monde. J’ai joué récemment un match d’une intensité incroyable. Tout va plus vite, tout est plus physique. Je comprends pourquoi tout le monde dit que c’est le meilleur championnat.

Et le fait d’être en concurrence avec une autre Suissesse, Seraina Piubel?
Franchement, ça se passe super bien. On ne se connaissait pas beaucoup avant, mais elle m’a très bien accueillie. On s’entend très bien. Il y a beaucoup de concurrence en attaque, on est sept pour trois postes, mais tout le monde est bienveillant.

Le début de saison est compliqué pour l’équipe. Comment le vis-tu?
C’est frustrant, parce qu’on a de vraies qualités et beaucoup de potentiel. Mais on n’arrive pas encore à concrétiser alors qu’on en serait capables. La victoire en coupe, face à une équipe mieux placée en championnat, nous a fait du bien. On travaille dur tous les jours, on sait qu’on peut faire mieux.

Justement, deux matches de coupe, deux titularisations, deux fois 90 minutes et à côté, tu as le championnat où tu joues bien moins.
Certains disent que je ne joue que la coupe, mais pour moi, c’est une vraie opportunité face à de bonnes équipes. Je suis nouvelle, la plus jeune du groupe, et je suis arrivée tard dans la préparation. La coupe me permet d’avoir du temps de jeu et de montrer ce que je sais faire.

La Fribourgeoise évolue désormais en Angleterre.
Photo: Getty Images

Durant ce premier match, tu as inscrit un but magnifique. Qu'as-tu ressenti?
J’étais trop contente! Honnêtement, je ne sais pas si j’en remettrai un comme ça cette saison, donc je n'espère pas que les attentes seront trop hautes (Rires). J’ai tenté et, avec toujours un peu de réussite, ça a marché.

Tu l’as revu combien de fois?
Pas mal de fois, j’avoue! (Rires)

Tu fais partie des offensifs qui aiment revoir leurs buts ou ceux des autres, qui s’en nourrissent?
Oui. On joue instinctivement, mais j’aime bien analyser les gestes, comprendre ce qu’il faut faire à tel moment. Et puis, j’adore regarder des attaquants comme Cristiano Ronaldo. Ça me divertit et ça m’inspire.

Ce serait un rêve de jouer à Manchester United, alors?
(Sourire) Elles font une excellente saison. Jouer à un très haut niveau serait un rêve.

Cet été, on disait que tu étais l’«ambianceuse» du vestiaire de la Nati. C’est pareil à West Ham?
Durant les deux premières semaines, je ne faisais pas grand-chose. Mais maintenant j’aime bien mettre la musique et m’amuser. On est quelques ambianceuses dans le vestiaire. On a un groupe très sympa, qui aime danser et passer du bon temps. Je suis entrée là-dedans et j’ai joué le jeu.

Le 1er novembre, vous jouerez contre Manchester City. Ce sera spécial, non?
Oui, je me réjouis trop d’affronter Imane Beney! Il faudra qu’on réussisse un très gros match face à cette très bonne équipe. Mais j’ai hâte et cela me fait plaisir de jouer contre elle, on s’entend très bien depuis que nous sommes petites. Elle a marqué son premier but et j’espère que cela continuera comme ça pour elle.

Deux Romandes en Premier League, qu’est-ce que ça dit de l’évolution du foot féminin suisse?
C’est une fierté. On montre que la Suisse a du potentiel. On est maintenant plusieurs Suissesses à jouer en Premier League. J’espère que ça va augmenter et que cela donnera envie à d’autres jeunes filles de suivre le même chemin.

Mardi tombera la première liste post-Euro. Tu espères forcément en faire partie.
Bien sûr. J’espère y être, retrouver mes coéquipières, mais on ne sait jamais. Ça dépend des performances et des choix du staff.

La perspective de jouer la Coupe du monde 2027 au Brésil, ça incite à redoubler d’efforts?
C’est un rêve! Il faudra bosser dur pour se qualifier, car les qualifications ne seront pas faciles. Mais on va tout donner pour y être.

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