Le tacle du capitaine
Granit Xhaka sur Noah Okafor: «Parfois, il faut se taire et travailler!»

Le capitaine de l'équipe de Suisse Granit Xhaka vise une quatrième participation à la Coupe du monde. Dans une interview accordée à Blick, il revient sur son excellent début de saison à Sunderland. Il évoque aussi le cas Noah Okafor, avec qui il ne se montre pas tendre.
Publié: 15:27 heures
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Dernière mise à jour: 15:28 heures
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«Nous aimons défendre. C'est ça la différence!», déclare Granit Xhaka à propos du parcours miraculeux de Sunderland en Premier League.
Photo: STEFAN BOHRER
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Sven Schoch et Stefan Bohrer

Moins de 24 heures après avoir livré une grande performance contre Arsenal (2-2), le capitaine de Sunderland et de l'équipe de Suisse a reçu Blick dans sa maison familiale, située en banlieue bâloise. Son frère Taulant est présent, des friandises sont offertes. L'atmosphère est bon enfant et le pilier de la Nati se sent à l'aise. «Ici, je peux me détendre et me recentrer.»

Granit Xhaka, Sunderland figure actuellement à la 4e place du classement du championnat anglais. Pourtant, certains experts se montraient très critiques concernant votre transfert de Leverkusen, deuxième de Bundesliga, au néo-promu en Premier League.
Toutes les décisions que j'ai prises durant ma carrière ont été mûrement réfléchies. J'y ai beaucoup pensé et je me suis beaucoup questionné: qu'est-ce qui pourrait être positif? Qu'est-ce qui le serait moins? A quoi puis-je m'attendre?

Dans votre première interview après votre signature à Sunderland, vous nous avez dit: «Il est important pour moi de vivre parfois des moments de souffrance, de solidarité».
J'ai utilisé ce mot parce que le promu a toujours souffert au cours des six ou sept dernières années. Nous souffrons aussi sur le terrain maintenant. Mais c'est stimulant lorsque cela nous permet d'obtenir des résultats. A Sunderland, je fais régulièrement un petit discours avant les matches. Il porte toujours sur le fait qu'il y a deux façons de défendre: par obligation ou par passion. Nous, on adore défendre! Voilà la différence. C'est pourquoi nous sommes très compacts sur le terrain. Très peu d'équipes arrivent à se créer des occasions contre nous.

Les supporters sont aussi exceptionnels, vous ne trouvez pas?
A l'extérieur contre Chelsea, on n'entendait qu'eux. Ce sont de vrais fans, pas des touristes. Ils ne sont pas là par hasard. Sunderland, c'est leur vie. Qu'ils aient 5 ou 80 ans, ils savent pourquoi ils viennent au stade. Ils nous soutiennent avec une ferveur indescriptible depuis le tout premier match.

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Sunderland et Granit Xhaka, c'est une association qui fonctionne à 100%.
Je suis arrivé en tant que renfort de prestige. Les attentes étaient énormes, y compris les miennes. C'était le plus grand défi de ma carrière, non seulement pour moi, mais aussi pour ma famille. Jusqu'à présent, chaque minute passée là-bas en a valu la peine. Je ne dis pas ça simplement parce que tout se passe bien en ce moment. J'aime l'environnement, le contact avec les gens, l'ambiance familiale de ce club. Dès que j'ai fait mes premiers pas dans le vestiaire, j'ai su que j'avais fait le bon choix. Quand on se sent aussi bien, on donne le meilleur de soi-même. Pour le maillot, pour ses coéquipiers, pour le club.

Le consultant TV irlandais et ancien joueur Tony Cascarino vous a comparé à Didier Deschamps. Votre coéquipier Enzo Le Fée a dit que vous étiez le meilleur capitaine qu'il ait eu durant sa carrière.
Ce sont des paroles agréables à entendre et de belles comparaisons. Je suis fier quand des personnes aussi expérimentées parlent de moi ainsi. Encore plus quand il s'agit de coéquipiers qui me côtoient du matin au soir dans les vestiaires, tous les jours, sur et en dehors du terrain, à la salle de sport, aux repas... tout simplement ceux qui connaissent la réalité et ne me jugent pas sur la base d'un seul match.

Place maintenant à l'équipe de Suisse, avec l'objectif de se qualifier pour le Mondial. Vous avez vous-même souvent évoqué la Coupe du Monde 2026.
Remo (Freuler), Ricci (Rodriguez) et moi-même avons l'âge où nous pourrions disputer notre dernière Coupe du Monde. Impossible de savoir si nous serons encore compétitifs et physiquement au top en 2030. C'est la seule raison pour laquelle je veux absolument me qualifier pour pour le prochain Mondial!

Après une période difficile à l'automne 2024, la Nati a retrouvé des couleurs. A votre avis, quelle en est la raison?
Avant le début des qualifications pour la Coupe du Monde, j'ai rappelé à l'équipe ce qui a toujours fait notre force: notre cohésion! Il y a eu une période où nous ne le laissions plus transparaître. J'avais le sentiment qu'il nous manquait quelque chose, on était trop friable. Je n'ai pas oublié les efforts que j'ai dû déployer pour gagner ma place quand j'étais jeune. Il y avait un va-et-vient constant. Après les retraites de Shaq, Sommer et Schär, on a fait des essais, et c'est tout à fait normal. Mais à un moment donné, nous avons dû nous poser la question, et moi en tant que capitaine: Où est passée la Suisse que nous connaissions tous?

Et puis il y a eu ce départ idéal contre le Kosovo (4-0) et la Slovénie (3-0)...
Nous avons réussi à retrouver notre flamme. Beaucoup de gens pensaient que nous n'allions pas retrouver la forme que l'on avait à l'Euro. Et pourtant: invaincus, aucun but encaissé en quatre matches, dix points. Et samedi, nous pouvons et voulons classer l'affaire en beauté contre la Suède.

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Quel impact aura l'arrivée de Graham Potter, ancien entraîneur de Premier League, à la tête de l'équipe nationale de Suède?
Il dispose de moins de temps qu'en club. Parviendra-t-il à remobiliser ses troupes en six jours? Pour nous, seul notre jeu compte. Si nous évoluons à notre plein potentiel, nous serons difficiles à battre, quel que soit l'entraîneur adverse.

Mardi prochain, il y aura un autre adversaire, le Kosovo. Avec deux anciens jeunes internationaux suisses dans son effectif: Leon Avdullahu et Albian Hajdari. A quel point leur départ est-il préjudiciable pour l'ASF?
On ne peut certainement pas se permettre de laisser partir des joueurs de cette qualité. De leur point de vue, il s'agit d'évaluer leur statut. Auraient-ils réussi à s'imposer comme titulaires en équipe de Suisse d'ici trois ou quatre ans? J'en doute, quand on voit qui nous avons sur le banc. Par exemple, Ardon Jashari est avec nous depuis trois ans et ne compte que quatre sélections. Leon est-il meilleur qu'Ardon? Je ne le pense pas. Mais c'est un bon joueur, sinon il ne disputerait pas tous les matches avec Hoffenheim. Il a peut-être manqué un peu de patience au niveau de l'équipe de Suisse. Mais, au final, c'est leur choix de jouer pour le Kosovo, qui évolue désormais à un très haut niveau.

Il pourrait justement y avoir une finale de groupe contre Avdullahu et consorts. Envisagez-vous cette possibilité?
Si nous battons la Suède, cela n'arrivera pas. Et si nous devons jouer la première place du groupe à Pristina, eh bien, nous le ferons. Ce n'est pas la première fois que nous jouerons là-bas.

Votre coéquipier de longue date au milieu du terrain, Remo Freuler, est forfait en raison d'une blessure. Quel type de joueur faudra-t-il pour le remplacer?
Remo est un joueur extrêmement important. Il est actif dans la surface, il participe aux tâches défensives, il pratique un football simple et efficace et il couvre de nombreux espaces. Le remplacer ne sera pas chose aisée. Je suis curieux de voir qui Muri choisira.

L'attaquant de Leeds, Noah Okafor, s'est plaint publiquement du manque de communication entre lui, l'entraîneur Murat Yakin et le directeur de la sélection nationale, Pierluigi Tami. Ses critiques sont-elles les bien venues?
J'ai parlé avec Noah au téléphone avant son interview. Naturellement, le thème de la sélection nationale a également été abordé. Il m'est difficile de me prononcer sans connaître tous les détails. Il a eu sa chance lors du Championnat d'Europe en Allemagne et de la Coupe du Monde 2022. Personnellement, j'essayerais d'analyser la situation avec plus de lucidité: pourquoi ne suis-je pas sélectionné? Pourquoi ne fais-je pas partie de l'équipe?

Il reproche à la fédération d'avoir pratiquement rompu le contact...
Je n'en sais rien. Je dis simplement qu'il est important de maintenir le contact. Noah a un potentiel énorme, qu'il n'a pas assez souvent exploité ces dernières années. A Leeds, il s'épanouit pleinement. Le championnat anglais lui convient parfaitement. Mais d'autres se sont encore plus distingués. Dan Ndoye, par exemple, a fait des progrès spectaculaires à Nottingham. A l'heure actuelle, il est indispensable à l'équipe nationale. Vargas aussi est incroyablement important. Il joue à Séville, marque des buts et fait des passes décisives. Les statistiques actuelles parlent d'elles-mêmes. Néanmoins, Noah pourrait jouer un rôle important à l'avenir s'il parvient à mieux maîtriser certains aspects de son jeu. Parfois, il faut savoir se taire et travailler. Cela vaut pour tout le monde, moi y compris. Au final, seules les performances sur le terrain comptent. C'est aussi pour cela que je suis revenu en Premier League; parce que j'ai travaillé dur pendant des années, que j'ai soif de compétition et que je suis prêt à affronter les meilleurs joueurs du monde!

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