«The Last D» est prêt à faire mal
Salif Diallo, puissance et détermination

Le kickboxeur lausannois Salif Diallo combat pour une couronne mondiale ce samedi en Allemagne. Rencontre avec «The Last D», un combattant aussi déterminé sur le ring qu'avenant en dehors. Ce jeune homme de 22 ans sait ce qu'il veut et comment y parvenir.
Publié: 22.05.2025 à 18:26 heures
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Dernière mise à jour: 22.05.2025 à 18:31 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Salif Diallo a une semaine pour perdre cinq kilos avant son grand combat de samedi à Wuppertal, au nord de l'Allemagne, face à Rhydel Vogelenzang. L'enjeu: le titre mondial de l'Enfusion. «Pas le choix, je dois être à 65 à la pesée vendredi», explique le Lausannois, à la sortie de son entraînement matinal, samedi. Blick retrouve le kickboxeur dans sa salle de sport bernoise, la Fusion Sports Academy, où des dizaines de jeunes s'entraînent autour de lui, dans des corps à corps plus studieux que furieux, même si l'atmosphère est bruyante. Salif Diallo est lui ultra-concentré sur ses gestes. Rapide, précis, il attaque son sparring-partner avec détermination, lequel le lui rend bien. A peine descendu du ring, le combattant file à la douche et vient s'asseoir à la cafétéria, au calme, pour évoquer ce grand combat de samedi et sa préparation.

Pourquoi se retrouve-t-on à Berne, d'ailleurs, Salif Diallo étant un vrai et fier Lausannois? «C'est là où il y a les meilleures structures et la meilleure salle pour moi. Vous avez vu, tout est top ici! J'apprécie le lieu et l'atmosphère, tout simplement», explique celui qui a un agenda bien chargé. «En général, le matin, c'est préparation physique à Lausanne, dans un fitness. L'après-midi, ici à Berne avec mes entraîneurs.» Et le soir, ou la nuit, des rondes sous l'uniforme d'une société de surveillance. «Ce samedi soir, par exemple, c'est contrôle d'accès à un bâtiment, un shift de deux heures.»

Sa compagne Olivia, son véritable pilier

Fonder une famille, ce sera pour plus tard («Je suis jeune encore!»), le rare temps libre étant consacré aux jeux vidéo, une bonne manière de faire le vide et de décompresser avant un combat aussi important que celui de samedi. Mais, bien sûr, sa priorité est de passer du temps avec sa compagne Olivia Blanc, elle-même ancienne kickboxeuse, rencontrée en équipe nationale suisse. «Dès que j'ai un peu de temps, c’est pour elle, évidemment. Olivia est un véritable pilier dans ma vie, elle me permet de déconnecter et de me reposer l'esprit quand je suis pas à l’entraînement ou en compétition.»

Retour à la diète. Comment peut-on perdre cinq kilos en une semaine, tout en conservant suffisamment d'énergie pour l'entraînement? La clé n'est pas dans l'alimentation. Ou pas seulement. Le jeune homme se lance dans une explication digne d'un nutritionniste, en expliquant quels aliments ingérer et comment, en privilégiant les protéines aux glucides, mais aussi et surtout comment se déshydrater suffisamment. «Le dernier jour, c'est sauna et combinaison de sudation jusqu'à atteindre le bon poids», glisse-t-il. Et voici comment passer de 70 kilos à 65 en quelques jours, tout en conservant le punch nécessaire. Samedi, devant 3000 spectateurs, il donnera tout, encore une fois, lui qui se réjouit déjà de monter sur le ring.

Une entaille sur le front depuis l'Italie

«Le meilleur moment, celui qui procure le plus d'adrénaline, c'est juste avant le combat, quand on est annoncé. Ensuite, une fois que le combat est parti, c'est sympa aussi», explique celui qui assure ne pas ressentir de douleurs une fois sur le ring. «Tu sens les coups, bien sûr, mais c'est supportable», explique-t-il, lui qui arbore une large marque sur le front. «C'est le résultat de mon dernier combat en Italie. C'est une coupure, tu la sens, bien sûr. Dès que j'ai pris le coup, je me suis dit qu'il m'avait touché.» Pas question de se plaindre: le kickboxing, Salif Diallo est tombé dedans et ne compte pas en sortir de sitôt.

«Quand j'étais petit, j'étais un petit peu enrobé et on se moquait un peu de moi parfois à l'école. Je me suis mis au kickboxing un peu pour ça. Je voulais maigrir et prendre confiance en moi. J'ai joué au foot, comme tout le monde, mais j'étais nul!», se marre-t-il. Et puis, il se prend au jeu, petit à petit, sans que ce soit une évidence au début. «Les entraîneurs me disaient de continuer. Je n'osais pas leur dire non... alors je revenais», se marre-t-il franchement. Petit à petit, il devient accro, jusqu'à nourrir une certaine ambition. «Je ne m'en cache pas, je veux devenir le meilleur du monde. Si je m'inflige tous ces sacrifices, si je fais autant d'efforts, ce n'est pas pour être un combattant lambda. Je veux être le plus fort.» Le petit garçon lausannois a bien grandi, s'est affiné, et est devenu une machine à distribuer les coups.

Membre de l'équipe de Suisse, mais aussi combattant professionnel, Salif Diallo navigue entre le monde amateur et professionnel sans problème. «La frontière n'est pas clairement établie. Je bosse dans cette entreprise de sécurité, mais de manière flexible, j'accepte les shifts quand je peux. Pour le reste, je vis des primes de participation aux combats et de victoires, mais aussi des sponsors que je trouve moi-même.» Et quand il défend les couleurs de l'équipe de Suisse, des aides fédérales et des avantages divers, comme les frais d'entrée au fitness, se mêlent aux revenus, ce qui ne fait jamais de mal. «Je ne fais pas ça pour l'argent. Quand je participe à un combat, je le fais pour progresser et gagner, devenir meilleur. L'argent n'est pas une motivation», assure celui qui adore pratiquer son sport.

«The Last D», le surnom qu'il a choisi

«A chaque fois que j'ai un combat à disputer, je me réjouis sincèrement. Je suis excité de monter sur le ring pour savoir où j'en suis. Que ce soit à l'entraînement ou en compétition, je suis heureux sur le ring, tout simplement», confie-t-il. Il lui arrive de se produire devant 4000 personnes et il ne demande qu'à gravir encore les échelons de son sport pour savoir où ses pieds et ses poings le mèneront, en apprivoisant à chaque fois les différentes subtilités des catégories pratiquées. «En professionnels, comme ce samedi à Wuppertal, je combats avec les petits gants. C'est plus difficile, il y a tout qui passe, il faut se protéger le visage. En amateurs, c'est avec les gros gants, c'est différent, on touche plus vite, les gants ont quelques centimètres de plus, il faut s'adapter en permanence.»

Le surnom qu'il a choisi, The Last D, lui vient d'un animé japonais, une philosophie de vie qu'il a adoptée. «J'écoute aussi de la musique du même style avant les combats. Je ne cherche pas forcément des sons agressifs à ce moment-là, plutôt des morceaux qui ont du sens, qui me rappellent pourquoi j'ai choisi cette voie», dit-il calmement, expliquant être une personne différente sur le ring et dans la vie. «Oui, c'est exactement ça. Sur le ring, je veux battre l'autre, dans le respect bien sûr, imposer ma force.» Et dans la vie de tous les jours, Salif Diallo est tout le contraire: un jeune homme de 22 ans qui a trouvé sa voie et suit son chemin. Pas après pas, combat après combat. Samedi, il a l'occasion de franchir une nouvelle étape.


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