Et si cela arrivait ici aussi? C’est la question que se posent de nombreux organisateurs de courses cyclistes après la Vuelta. Olivier Senn, directeur du Tour de Suisse, n’échappe pas à cette inquiétude. «C’est simple: ce serait un cauchemar», admet-il. L’enjeu est clair: les manifestants pro-palestiniens ont semé le chaos pendant près de trois semaines lors du Tour d’Espagne.
Le chaos sur la route
Ils ont provoqué des dégâts dans les zones d’arrivée, menacé l’équipe Israël-Premier Tech, fait tomber des coureurs et même abattu un arbre sur la route. «Et ils ont jeté des punaises et des tessons de verre sur la route», raconte le cycliste professionnel argovien Fabio Christen. Ces événements ont naturellement inquiété d’autres organisateurs. «Il y a définitivement un risque que cela se poursuive, même dans d’autres pays», souligne Olivier Senn.
Interrogé sur la préparation de la Suisse face à un scénario similaire à celui de la Vuelta, Olivier Senn répond catégoriquement: «Non, noue ne sommes pas préparés. De plus, le cyclisme est une cible idéale pour les protestations, car il se déroule sur la voie publique et est accessible à tous». Selon lui, les événements récents ont suscité une inquiétude grandissante. «Je suis pour la liberté d’expression. Mais que des manifestations dégénèrent au point de mettre en danger des athlètes et des personnes non concernées, c’est tout simplement inadmissible».
Le Tour de Suisse revoit son dispositif de sécurité
Lors des premières protestations, les organisateurs de la Vuelta avaient refusé d’exclure l’équipe Israël-Premier Tech. Ils ont maintenu cette position: une expulsion n’est pas possible d’un point de vue réglementaire, ont-ils expliqué, confirmés par l’Union cycliste internationale. Conséquence: les manifestations ont encore pris de l'ampleur.
Olivier Senn explique: «Le règlement de l’UCI stipule que l’organisateur est responsable de la sécurité de tous les participants. Pour moi, une option pourrait être de suspendre une équipe de la course si cela nous permettait d’améliorer la sécurité. Mais j’ignore quelles seraient les conséquences juridiques d’une telle mesure».
«Il n’y a que des perdants»
Les incidents de la Vuelta poussent le Tour de Suisse à analyser dans les mois à venir son dispositif de sécurité avec la police cantonale et à l’adapter si nécessaire. Le cyclisme semble avoir une fois de plus perdu son innocence. «C’est dommage, car après ces trois semaines en Espagne, il n’y a à mon avis que des perdants», conclut Olivier Senn.