Trois centièmes. Ce n’est même pas le temps d’un battement de cils. Noè Ponti (24 ans) a été devancé d’un souffle en finale du 50 mètres papillon aux championnats du monde de Singapour. Le Tessinois a été battu par Maxime Grousset, le Français de deux ans son aîné, qui l’avait déjà devancé en demi-finale.
Pendant une bonne partie de la course, Noè Ponti semblait avoir une courte avance. Vingt coups de bras puissants sans respirer, un dernier effort décisif… mais Maxime Grousset, lui, s’est contenté de glisser jusqu’au mur sans forcer l’ultime mouvement. Résultat: victoire sur le fil, à peine perceptible à l’œil nu.
Une course de très haut niveau
Maxime Grousset, Noè Ponti et Thomas Ceccon, l’Italien qui complète le podium, ont tous signé leur meilleur chrono personnel. Le Suisse a battu son propre record national de 14 centièmes. Avec son temps, Noè Ponti réalise la sixième meilleure performance de l’histoire sur la distance. Seuls quatre nageurs ont déjà fait mieux en bassin olympique (50 m).
Noè Ponti visait l’or, il repartira avec l’argent, mais sans amertume: «Je me sens très bien. C’était presque une course parfaite de ma part. C’est pourquoi je suis très satisfait. Bien sûr, c’est frustrant quand l’écart est si mince, mais mon temps est vraiment excellent.» Encore dans l’eau, Noè Ponti et Maxime Grousset se sont étreints, saluant leur duel de haute volée.
Une pression venue de lui-même
Avant même le début des Mondiaux, Noè Ponti savait que le 50 m papillon serait extrêmement disputé. Il avait identifié jusqu’à dix nageurs capables de monter sur le podium. «Ce n’est pas aussi simple qu’on le croit. Pour remporter l’or ici, il faut que beaucoup de facteurs s’alignent. Les attentes du public, je les laisse de côté. La seule pression que je ressens, c’est celle que je m’impose.»
Il a tenu bon. Finies les larmes de déception de Fukuoka en 2023, où il n’avait même pas accédé à la finale. Oubliées les souffrances de l’entraînement quotidien. Oubliée aussi la désillusion de Paris, où il n’avait pas décroché de médaille olympique. Après un automne et un hiver brillants – avec trois titres mondiaux en petit bassin (25 m) – Noè Ponti brille désormais aussi en grand bassin, la référence dans la natation de haut niveau.
Cette médaille d’argent comble un vide dans sa collection. Et le Tessinois en profite pour faire passer un message: «Maintenant, plus personne ne peut dire que je suis mauvais en grand bassin et que je ne suis bon qu’en petit. J’ai prouvé que je fais partie des meilleurs, peu importe la taille du bassin.»
Objectif: le 100 mètres papillon
Mais les Mondiaux de Noè Ponti ne sont pas terminés. Sa discipline de prédilection, le 100 mètres papillon, où il avait décroché le bronze olympique à Tokyo en 2021, l’attend samedi.
Et cette médaille d’argent pourrait bien lui donner l’élan nécessaire pour viser l’or. La pression du «résultat à tout prix» est retombée. Il sait, en outre, qu’il est en pleine forme et dispose d’un atout précieux: sa puissance en phase de plongée, après le départ et lors du virage. Sur 100 mètres, il pourra en tirer parti à deux reprises.
Plusieurs prétendants
Ils seront plusieurs à prétendre au titre: Maxime Grousset, Thomas Ceccon, les Canadiens Ilya Kharun et Joshua Liendo… et bien sûr Noè Ponti. Son entraîneur Massimo Meloni y croit fermement: «S’il est prêt mentalement, il sera très difficile à battre.» Noè Ponti, lui, affiche sa sérénité: «Ma forme est bonne. Je vais me reposer un peu, puis me reconcentrer.» Et personne ne serait surpris de le voir sortir de l’eau samedi… en champion du monde.