Spécialiste de la brasse et âgé d'à peine 24 ans, Maël Allegrini vit les meilleures semaines de sa carrière. En juillet, le licencié du Lausanne Aquatique a réalisé un record de Suisse en grand bassin sur 50 m brasse lors des Jeux mondiaux universitaires à Berlin. Mi-novembre, il a remis ça, en petit bassin cette fois. «Je tournais autour depuis quelque temps et je ne peux pas dire que j'étais surpris de battre ces records, avoue, sans une pointe d'arrogance, le Vaudois. C'est gratifiant, mais non, je n'arrive pas à me dire que je suis le Suisse le plus rapide de tous les temps.»
Ce beau chrono à Uster (26"72), lors des Championnats suisses, lui a ouvert les portes des prochains Européens de natation, qui ont lieu début décembre à Lublin (Pologne). Une compétition dans laquelle Maël Allegrini se présente dans le but de réaliser ses meilleurs chronos… avant une pause forcée.
Macolin a dit «non» deux fois
Début janvier, le nageur originaire de La Côte va débuter son école de recrue à Sion, en tant que grenadier de la police militaire. Contrairement à d'autres sportifs du pays, ce n'est donc pas du côté de Macolin qu'il va servir sous les drapeaux. «J'ai fait deux demandes, en 2020 et 2021, détaille-t-il. Ils m'ont montré mes courbes de progression et, pour eux, je n'avais pas le potentiel de me rendre aux Jeux olympiques.» À ce moment-là, c'est un coup dur pour le jeune homme, qui souhaite quand même prouver à l'armée qu'elle avait tort.
Maël Allegrini repousse le plus possible son école de recrue et se consacre à la natation et à ses études. Ses chronos baissent et, au début de cette année, le CIO annonce une nouveauté primordiale pour le Rollois. Lors des Jeux de Los Angeles, la natation accueillera trois nouvelles courses: le 50 m papillon, dos et brasse. Dans cette dernière, Maël Allegrini brille et a donc de bonnes chances de se qualifier. «Ce serait fou, car c'était mon rêve quand j'étais petit, lâche-t-il. Je me dis qu'il y a moyen.»
Une pause bénéfique?
Mais voilà que l'armée arrive au pire moment pour celui qui fêtera ses 25 ans en février prochain. Avec cette nouvelle donne, n'a-t-il pas tenté de contacter à nouveau Macolin? «Non, c'était déjà dur à l'époque et je ne veux pas revivre une nouvelle déception.» Depuis, Maël Allegrini s'est fait à l'idée que c'est en Valais qu'il fera son service court.
Et la natation dans tout cela? Le Vaudois est clair: ce sera une pause complète. «Je vais perdre mon niveau et c'est frustrant, souligne-t-il. Mais je l'ai accepté et j'essaie de le prendre de manière positive.» Sans en avoir marre de faire des longueurs, le nageur lausannois sait que ce break peut «lui faire du bien physiquement et mentalement». N'est-ce pas lui qui, au sortir du Covid, avait explosé ses meilleurs temps?
Un avenir ouvert… mais pas trop
Là où Maël Allegrini peut se rassurer c'est que, sauf catastrophe, il ne devrait pas monter en grade et ainsi prolonger ses semaines avec un treillis. «Je suis obligé de finir mon Master en trois ans et ce serait la misère au niveau académique si je devais louper plus d'un semestre», avance celui qui étudie l'enseignement du sport à l'Université de Lausanne.
La suite? Le Rollois ne sait pas encore. «La natation risque de me manquer, mais peut-être que je n'aurai pas envie de reprendre», hésite-t-il. Avant que les JO ne reviennent sur la table. «C'est vrai que je risque de le regretter, mais il faut voir les temps de qualification.» Comme ceux-ci arriveront au début de la saison 2027/28, Maël Allegrini ne peut pas se permettre de faire une pause jusque-là s'il souhaite participer à la plus prestigieuse compétition du monde. Et il le sait. Déjà qu'y parvenir en arrêtant de nager pendant quatre mois serait un immense exploit que le Vaudois veut tenter.