Le duo est inséparable ou presque. «Je pense que je suis capable de répondre à toutes les questions à sa place, se marre Nadia Constantin. D’ailleurs, c’est Evistar pour les intimes.» Il faut dire que voilà des années que la Valaisanne côtoie celle qu’elle considère comme sa meilleure amie: Evita Herminjard, capitaine de l’équipe de Suisse pour cet Eurobasket.
Blick retrouve les deux joueuses dans le hall de leur hôtel au Pirée, la veille du premier match face à la Grèce. C’est peut-être un détail pour vous mais pour nous, journalistes, ça veut dire beaucoup: alors que le monde du football professionnel est de plus en plus aseptisé, celui du basket féminin est tellement plus ouvert. Au final, nous sommes restés deux heures autour de cette table basse, à refaire le monde et parler (beaucoup) de ballon orange.
«Peut-être que ma jumelle en avait marre»
Un objet qui a toujours fait partie de la vie d’Evita Herminjard. «Mes parents et mon frère faisaient du basket, avance-t-elle d’emblée. J’allais tout le temps le voir jouer. Et un jour, j’étais assise à côté d’une copine et on s’est dit: ‘Vas-y, pourquoi pas nous? On essaie.’» Cette époque remonte à 2006, alors que la Vaudoise n’avait que 8 ans. «Ah j’aurais dit que tu avais commencé plus tôt», lâche Nadia Constantin qui, finalement, n’est pas incollable sur sa «bestie». Ce sera toutefois sa seule découverte sur la vie de sa coéquipière.
Dans cette famille de basketteurs, il ne faut toutefois pas oublier la sœur jumelle d’Evita Herminjard. La pauvre n’a jamais eu la fièvre de ce sport. «Aux repas de famille, on parlait beaucoup de basket et je pense que parfois, elle en avait un peu marre», rigole la No 24 de l’équipe de Suisse. Heureusement pour elle, tous ses proches l’ont toujours soutenue dans son parcours.
Une première semaine difficile
Comme à 13 ans, lorsqu’elle décide de quitter le cocon familial après cinq ans passés à Blonay Basket, direction Challes-les-Eaux, dans la banlieue de Chambéry. «En voyant aujourd’hui les jeunes filles de cet âge, je me demande comment j’ai fait, s’exclame Evita Herminjard. Je ne me rendais pas compte des choses et je voulais juste devenir basketteuse pro. Et pour le faire, je savais que je devais quitter la Suisse.»
À deux heures de route de la Tour-de-Peilz, son lieu d’origine, tout ne se passe pas comme prévu pour la très jeune Evita. «La première semaine d’école, je ne faisais que de pleurer, se souvient-elle. Tout était nouveau pour moi. Il y a même eu des doutes et à Noël, je me suis posée la question si je ne devais pas revenir à la maison.» La Vaudoise s’accroche à son rêve et ne claque finalement pas la porte.
De la France à la Slovaquie
Mieux pour elle, elle s’éloigne un peu plus du domicile familial et est engagée dans le pôle espoir de l’ASVEL, grand club situé à Lyon. La vie à l’internat débute «Normalement, je n’avais pas le droit de l’intégrer car je n’étais pas française, précise-t-elle. Là, tout était organisé autour du basketball.» Les sacrifices commencent à payer et elle fait le tour des clubs de deuxième division de l’Hexagone, là où elle peut vivre de sa passion.
Après plus de dix ans en France, la Vaudoise change d’horizon et signe en Slovaquie. «J’avais l’opportunité de m’exprimer en Eurocup et ça ne se refuse pas, souligne Evita Herminjard. J’avais évidemment un peu les chocottes. Au final, je ne regrette pas une seule seconde.» Dans la ville de Piestany, à une heure de Bratislava, elle défend les couleurs des Mouettes de Piestanske Cajky. «La salle est pleine pour nos matches et on a un physio h24 avec nous. C’est un autre monde», sourit-elle.
La prochaine étape?
Evita Herminjard y est donc arrivée: elle vit du basket-ball. «Même s’il y a des moments difficiles, j’en suis extrêmement fière, s’exclame-t-elle. Et vivre cet Eurobasket, c’est une magnifique récompense. Pour nous toutes, c’est le résultat de tous nos sacrifices.» Malgré une longue carrière, la capitaine vit ce championnat d’Europe comme le fait marquant. «C’est le truc auquel je m’attendais le moins dans ma vie, appuie-t-elle. Jamais on s’est mis dans la tête que c’était possible.»
Après les deux premiers matches, Evita Herminjard est parvenue à bien se mettre en évidence dans cet Eurobasket. Va-t-elle attirer des regards des clubs plus huppés et franchir une nouvelle étape dans sa carrière? De la musique d’avenir.
Pour l’instant, la Vaudoise est le visage et le présent de l’équipe de Suisse. «Mais je n’aime pas trop cela, sourit-elle. J’ai certes plus d’expérience et mon but est de la transmettre.» Pour permettre, cette fois, à la Suisse de prendre de l’ampleur sur la scène internationale.