C’est une décision inédite en Belgique. Une cycliste belge de 51 ans, est désormais autorisée à concourir à nouveau dans la catégorie «Dame Élite», après une victoire juridique devant le tribunal de première instance de Bruxelles. Une avancée obtenue après deux années d’exclusion des compétitions féminines internationales par l’Union cycliste internationale (UCI), basée à Aigle, en raison de sa transidentité.
Selon La Libre, qui révèle cette information, le tribunal a estimé que les règles d’éligibilité de l’UCI à l’encontre des athlètes transgenres étaient discriminatoires. L’instance a ordonné leur suspension dans le cas spécifique de Victoria* et condamné l’UCI à lui verser 3900 euros pour préjudice moral.
Une exclusion critiquée
Victoria avait entamé sa transition de genre en 2016, à l’âge de 42 ans, et obtenu une première licence UCI en 2019, dans la catégorie «Femmes Master». Mais le 28 juillet 2023, elle apprend qu’elle ne pourra pas participer aux championnats du monde «Gran Fondo».
La raison? Un durcissement du règlement de l’UCI, visant à «protéger la catégorie féminine», et interdisant notamment la participation des femmes trans ayant effectué leur transition après la puberté masculine. Sa licence 2024 est révoquée dans la foulée.
En septembre 2024, Victoria décide alors de porter l’affaire en justice pour discrimination. Le 10 juillet 2025, le tribunal lui donne raison. Il estime que l’UCI opère une «distinction directe» entre les femmes cisgenres et transgenres, sans fondement scientifique suffisant pour justifier un traitement différent.
L’absence de preuves scientifiques pointée
Le juge rappelle que selon les recommandations du Comité international olympique (CIO), en vigueur depuis 2021, aucune athlète transgenre ne peut être exclue sur la base d’un avantage présumé, sauf preuve scientifique solide. Or, même le directeur médical de l’UCI avait admis dans un rapport interne qu’il était «impossible de confirmer» l’existence d’un tel avantage après traitement hormonal.
Dans ce contexte, le tribunal a jugé que les règles de l’UCI aboutissaient à une exclusion de facto des femmes transgenres, les empêchant presque toutes de satisfaire aux critères imposés. Il a qualifié cette condition d’«irréaliste».
Une décision individuelle, mais symbolique
L’ordonnance ne concerne toutefois que Victoria. L'UCI est désormais tenue de ne plus s’opposer à sa participation aux compétitions féminines. L’organisation peut faire appel, mais pour la cycliste belge, c’est une victoire importante, saluée comme un «jalon» par les défenseurs de l’inclusion.
«L’intégration des personnes transgenres dans le sport est un défi de société», a réagi Michel Pasteel, directeur de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Il dénonce une exclusion systématique «fondée sur des idées reçues» et plaide pour des règles fondées sur des critères équitables et scientifiquement étayés.
*Prénom d'emprunt