Il se cogne la tête contre l'asphalte, reste un instant allongé, se relève, un spectateur le soutient. Stefan Bissegger est visiblement étourdi, il tire la chaise de jardin d'un fan, s'assoit, est examiné par le médecin de la course. Peu après, le diagnostic est clair: le Tour de France est terminé pour le Thurgovien, qui doit abandonner dès la toute première étape. Dans le bulletin d'étape, on peut lire à côté de son nom: «Traumatisme crânien. Protocole commotion. Abandon.»
Stefan Bissegger n'est pas le seul à avoir reçu ce diagnostic. Filippo Ganna, double champion du monde de contre-la-montre, quitte lui aussi la course dès la première étape, victime d'une commotion cérébrale.
Depuis 2020, le nombre de blessures dans le cyclisme professionnel est en hausse. En chiffres: 141, 191, 248, 296, 327. Cette année, selon «Pro Cycling Stats», il y en a déjà 253. Il est donc bien possible qu'un prochain record négatif soit atteint d'ici la fin de la saison. La plupart des blessures concernent la clavicule – un classique dans ce sport.
En 2025, Noemi Rüegg et Jan Christen ont par exemple subi une fracture de la clavicule. Alors qu'ils ont pu reprendre la compétition quelques semaines plus tard, les blessures à la tête ont souvent des conséquences plus importantes. En effet, lorsque le cerveau est touché, il est généralement impossible de prévoir le processus de guérison et les conséquences à long terme.
«Nous sommes à la traîne»
Les statistiques le montrent: Après les fractures de la clavicule (784), les commotions cérébrales (158) sont la deuxième blessure la plus fréquente chez les cyclistes professionnels depuis 2014. Stefan Bissegger et Filippo Ganna ne font donc pas exception. Une question se pose alors: les coureurs sont-ils suffisamment protégés au niveau de la tête?
L'UCI a introduit le port obligatoire du casque en 2003. Pour l'entraîneur national Michael Schär, qui a couru pendant 18 ans dans le peloton et a mis fin à sa carrière il y a deux ans, il est clair qu'«il n'y a pas eu de véritable évolution des casques». Oui, ils sont plus légers et plus perméables à l'air qu'auparavant, affirme-t-il. «Mais quand je pense aux progrès que nous avons réalisés dans d'autres domaines du cyclisme, je dois dire que nous sommes à la traîne en matière de casques. C'est alarmant.»
Thorsten Hammer est du même avis. Cet Allemand est l'un des médecins urgentistes les plus renommés en matière de blessures sportives et a été médecin de course du Tour de Suisse de 2008 à 2018. «Michael Schär a tout à fait raison. Les équipes investissent tellement, en termes monétaires et de personnel, pour exploiter toutes les possibilités – que ce soit au niveau de la technique, du matériel, de l'alimentation, de la performance des athlètes ou de leur positionnement sur le vélo. Mais en matière de sécurité, il serait souhaitable et possible d'aller beaucoup plus loin», appuie le médecin.
Le football américain comme modèle
Mais que pourrait-on améliorer sur le casque? Michael Schär cite l'exemple du football américain. «Au cours des cinq dernières années, le nombre de commotions cérébrales a été réduit de 25%. Uniquement grâce aux nouveaux casques. Ceux-ci sont adaptés avec précision à chaque forme de tête grâce à la technique 3D et contiennent des puces permettant de déterminer la violence des différents coups.»
Pour Michael Schär et Thorsten Hammer, l'airbag de tête serait également une option à examiner de près. Les cyclistes portent une minerve qui se gonfle et s'enroule autour de la tête en l'espace de 80 millisecondes. L'entreprise suédoise Hövding est à la tête de ce projet.
Des tests avec des mannequins et des cascadeurs ont montré que le système fonctionne très bien, par exemple lors d'un soleil par-dessus le guidon. Mais le système présente aussi des faiblesses, par exemple lorsqu'un cycliste percute directement la portière ouverte d'une voiture. Dans ce cas, le casque serait préférable.
Pour nos deux experts, il est clair que l'airbag pour la tête mérite plus qu'une simple réflexion. Et s'il pouvait même être combiné un jour avec le casque à technologie 3D, il le serait de toute façon. Le fait est que la protection de la tête a besoin d'autres améliorations, et ce le plus vite possible.