Avant la draft
Les futures stars de NBA ont fait face à la meute des journalistes

À la veille de la draft NBA, les futurs talents ont vécu un drôle de marathon médiatique, entre buzz, questions absurdes et influenceuse chinoise. Reportage en immersion.
Publié: 08:59 heures
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Photo: G.B.
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Dans la rue, les fans font la file au croisement de la 50e rue et de Madison Avenue devant la porte du Lotte Palace. On pourrait croire à l'avant-première d'un film ou au lieu de résidence d'une quelconque star du show business. Mais cet hôtel new-yorkais était le théâtre d'un événement non moins important: les interviews des futures stars de la NBA. Avant la draft de mercredi, les 24 recrues les plus renommées avaient rendez-vous dans une salle feutrée de l'hôtel.

Quelques gardes ont fait en sorte que rien ne vienne troubler la quiétude des basketteurs et l'ambiance est détendue. Dans le Salon Villard, neuf podiums sont installés et les joueurs se sont relayés en trois rotations dans un ballet parfaitement orchestré. La star du show? Cooper Flagg. L'Américain va être le premier joueur sélectionné et tout le monde veut lui parler. Une cinquantaine de journalistes sont présents. Certains chanceux pourront lui poser une question.

Phrases d'accroche originales

«Cooper, peux-tu...», «Cooper! Cooper!», «Hey peux-tu me parler de...». Chacun y va de sa phrase d'accroche pour tenter de poser sa question. Rares seront les élus. On se croirait davantage à la poissonnerie sur le port de Nîmes à 6h du mat' que dans un hôtel cossu de Manhattan. À l'autre bout de la salle, Nique Clifford est entouré par trois journalistes. L'ambiance y est autrement plus calme. Petites lunettes et polo parfaitement repassé, le joueur de l'Université de Colorado a passé près de 20 minutes à rigoler. Il a pris le temps de parler du rêve qu'il est en train de réaliser alors qu'à dix mètres de là la foire d'empoigne avait lieu. Contraste intéressant entre le semi-anonymat d'un côté et la starification de l'autre.

Cette frénésie autour de Cooper Flagg, Marc Spears, star du réseau ESPN, a d'ailleurs décidé de la laisser à d'autres. Le vétéran s'intéresse de près à Cédric Coward, un jeune Californien au parcours atypique. La trajectoire fulgurante de son ascension a visiblement attiré l'attention du reporter. «Toute ma vie, j'ai joué gratuitement à ce jeu et dès demain, je serai payé pour le faire, s'étonne-t-il. C'est une chance inouïe de pouvoir mettre ma famille à l'abri.»

La vingtaine de minutes passe à une vitesse folle en sa compagnie. Il y raconte les étés à ramasser des melons pour aider sa famille à boucler les fins de mois. «On vient de Fresno en Californie, mais nous sommes des gens ruraux», raconte-t-il en toute simplicité. Difficile de croire que ce jeune homme bien éduqué et gentil comme tout sera demain une star de NBA qui gagnera des millions. Face à cette question, il rigole: «Hier soir, je suis arrivé à New York et je n'arrivais pas non plus à croire ce qui était en train de m'arriver.»

Une scène lunaire

Au moment où la deuxième rotation se termine, les derniers joueurs se présentent. Le plus intéressant? Egor Demin. Le Russe vient de terminer sa première saison en Amérique du Nord dans l'Université de Birigham Young dans l'Utah. Patiemment et dans un anglais parfait, le natif de Moscou raconte son dernier mois et énumère les endroits où il a été montrer ses talents et les interviews auxquelles il a dû répondre. La question la plus particulière à laquelle il a dû répondre? «On m'a demandé si je parlais russe, pouffe-t-il. Mais hormis cela, pas grand-chose.»

S'ensuit un moment lunaire. Une influenceuse chinoise pose l'autocollant de sa chaîne sur la table et lui pose une question. «En Chine, tu es le plus beau joueur de basket au monde selon les fans. Cela te fait quoi?» Gêné, Egor Demin esquive. «C'est une question de goût, je ne sais pas quoi répondre... Merci.» Il se tourne et lance: «Voilà la question la plus bizarre de tout le processus.» La chasseuse de likes, elle, prend un selfie et n'en a cure de ce que peut bien dire le futur joueur de NBA. La question était plus importante que la réponse manifestement.

Photo: Getty Images

Une étrange scène qui raconte la réalité d'un moment où chaque personne présente à son propre agenda. Et ses propres questions. On saute du coq à l'âne sans arrêt. «Lorsque tu t'entraînes, quelles sont les trois questions qui tournent en boucle dans tes oreilles?» ou encore «Nomme ton top 4 des marques des céréales au petit déjeuner.» Et, au milieu, d'autres tentent de parler de basketball.

Une heure après l'ouverture du Salon Villard, les portes se sont refermées et tout le monde est reparti. Les joueurs ont pu aller signer quelques autographes avec les patients fans ayant poireauté sous le cagnard et par une température dépassant les 100 degrés Fahrenheit, soit près de 40 degrés Celsius. Le Fribourgeois Yanic Konan Niederhäuser, lui, n'était pas convié. Il sera également sélectionné, mais ne fait pas partie des stars de cette volée. Ce mardi après-midi, il a donc échappé à la criée organisée sur Manhattan. Mais dès mercredi soir, il sera dans le grand bain en espérant que son nom soit appelé lors du premier des deux jours de cette draft.

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