Un cas d’école de violence policière? Une vidéo, de toute évidence capturée par un ou une quidam avec un smartphone, est parvenue à Blick. Et c’est la (venimeuse) question qu’elle pose.
Les images montrent le Parc Baud-Bovy, en plein centre de Genève. Nous sommes en juillet 2022, selon nos informations. Sur ces quelques secondes de film, que Blick a tenté de rendre plus nettes et audibles, on voit trois hommes, visiblement en train de retenir une personne sur un banc — dont on ne distingue que les pieds qui dépassent, puis une main. Pendant que la personne est ainsi immobilisée, un quatrième individu lui assène au moins cinq coups.
Le ou la vidéaste de fortune, et le jeune homme en sa compagnie, qu’on voit rapidement apparaître sur les images, s’exclament alors «hé oh!» à l’attention des quatre gros bras. Puis l’un des témoins de la scène se dirige vers le banc.
Une personne racisée?
Tandis que le badaud s’approche, l’un des quatre hommes — celui qui cognait — lui lance: «La police», certainement pour tenir le curieux à distance. Le jeune homme continue tout de même de s’approcher, faisant un signe qui mime l’incompréhension avec les bras.
Le reste de l’échange est malheureusement peu audible. Le passant rétorque quelque chose qu’on n’entend pas. Un des quatre hommes lui lance en retour: «Ouais, mais vous n’allez pas nous apprendre notre métier Monsieur.» On aperçoit encore, en fin de vidéo, la main de la personne interpellée, de couleur noire, être saisie par l’un des hommes debout derrière elle.
Des sources proches de la police nous donnent quelques précisions supplémentaires quant à ces images. Elles sont catégoriques: la scène s’est bel et bien déroulée en juillet 2022, et il s’agirait de la Brigade voie publique et stupéfiants (BVPS) en civil, qui interpellerait un individu «pour trafic de stupéfiants», nous confie-t-on. Ce dernier était-il particulièrement dangereux, armé? Une source proche du dossier nous assure qu’il n’y avait «aucune arme» impliquée.
Policiers sous enquête?
Pour quelques secondes de bande, beaucoup d’interrogations. Est-il légitime et réglementaire de frapper ainsi une personne qui semble déjà être maîtrisée? Qu’est-ce qui a motivé ces coups? D’après nos informations, le Ministère public genevois s’est aussi posé ce genre de questions, puisqu’une instruction visant les quatre agents aurait été ouverte, à la suite d’une dénonciation.
Deux de nos sources nous soufflent également que le dossier, toujours ouvert deux ans après les faits, serait sur le point d’être classé par le procureur en charge. Une information que nous n’avons pas pu confirmer via les principaux intéressés: confronté à cette vidéo et à nos informations, le Ministère public genevois s’est contenté de nous répondre qu'«il ne sera fait aucun commentaire».
La police cantonale genevoise, également invitée à commenter le cas, nous renvoie quant à elle… au Ministère public. Qui restera bel et bien muet: «Aucune chance que le Ministère public ou l’IGS [ndlr: la police des polices] collaborent» et donc répondent à nos interrogations, si des policiers sont mis en cause, glisse à Blick un haut fonctionnaire genevois.