La crise s'aggrave chez Volkswagen
Furieux, des ouvriers de chez Audi volent 200 clés de voitures de luxe

Volkswagen doit combler un trou de cinq milliards, et l'ombre menaçante d'une vague de licenciements et de fermetures d'usines se rapproche à grand pas. Les ouvriers sont révoltés, mais pourquoi l''entreprise est-elle dans une telle situation?
Publié: 10.09.2024 à 13:06 heures
En Belgique, des employés du groupe VW veulent savoir ce qu'il adviendra d'eux.
Photo: keystone-sda.ch
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Patrik Berger

Les 200'000 employés de Volkswagen sont inquiets, et surtout en colère – et ce dans le monde entier. En effet, le constructeur automobile, dont le siège est à Wolfsburg, en Allemagne, a annoncé devoir faire des économies massives pour combler le déficit de cinq milliards d'euros. Et il pourrait même envisager des mesures drastiques, comme des licenciements ou la fermeture de certaines usines. Pourtant, cela était encore inimaginable il y a peu de temps chez le plus grand constructeur automobile d'Europe. En peu de temps, il ne parvient même plus à garantir des emplois.

Les employés sont dans tous leurs états. En Belgique, par exemple, des centaines d'ouvriers ont manifesté contre les plans d'austérité, et ça ne s'est pas arrêté là! Les employés de l'usine bruxelloise ont volé 200 clés de nouveaux modèles Audi, afin d'obliger la direction à les éclairer sur le sort qui les attend. Tant que cela ne sera pas fait, aucune voiture ne quittera l'usine.

Audi menace les ouvriers de porter plainte

Audi ne se laisse pas faire et parle de «chantage». Les voleurs ont été filmés, et s'ils ne se manifestent pas, ils seront dénoncés, affirme l'entreprise. Le climat est particulièrement électrique, car dans l'usine belge concernée, 3000 employés construisent le SUV électrique de type Audi Q8 e-tron. Mais celui-ci se vend mal, et en juillet, il a été annoncé qu'aucun autre modèle ne serait fabriqué à Bruxelles. 

Ce mauvais climat de travail ne date cependant pas d'hier. Comme le rapporte «Bild», 10% des ouvriers ne se présentent pas au travail dans l'entreprise automobile allemande. Les absences des 120'000 employés en Allemagne coûtent au groupe un milliard d'euros par an. Si le problème est connu de Volkswagen depuis des années, tous les efforts pour réduire l'absentéisme dû à la maladie ou autres circonstances ont échoué. Pourtant, 800 ouvriers ont été avertis ou licenciés en 2023 pour avoir triché sur leur temps de travail.

Le scandale du diesel triché en est à ses débuts

Mais pourquoi Volkswagen est-il dans une telle crise? Pourquoi le groupe mondial doit-il économiser cinq milliards d'euros? Pour répondre à ces questions, il suffit de revenir quelques années en arrière, au scandale des moteurs diesel trafiqués en 2015. Cette année-là, des moteurs diesel avaient été mis sur le marché à grande échelle. Problème: ils émettaient trop de polluants en utilisation quotidienne, les bons résultats n'ayant été obtenus qu'en phase d'essai. 

Jusqu'à aujourd'hui, Volkswagen ne s'est pas vraiment remis de l'affaire des gaz d'échappement. Le groupe a été contraint de payer des amendes exorbitantes, et a perdu des parts de marché année après année. Autre facteur: le fait que Volkswagen ait raté son entrée dans le monde de l'électromobilité. Ainsi, le modèle ID.3, conçu en interne pour succéder à la Golf, ne se vend pas aussi bien que prévu.

Dès que l'Allemagne a supprimé, fin 2023, la prime environnementale pour les voitures électriques sans la remplacer, on s'est rendu compte de l'ampleur du retard de l'industrie automobile allemande sur Tesla et les nombreux producteurs chinois. Pour rattraper son retard, Volkswagen a besoin d'investissements de plusieurs milliards. Les développeurs travaillent actuellement d'arrache-pied à une voiture purement électrique, qui couvre tous les besoins de mobilité, et qui ne coûterait que 25'000 euros. Mais cela demande de l'argent. Et l'argent, Volkswagen en a nettement moins depuis le scandale des moteurs diesel. Désormais, l'entreprise doit économiser avec acharnement pour ne pas perdre complètement pied.

«Nous devons rester compétitifs»

La situation difficile de l'industrie automobile inquiète également la Commission européenne. La situation du secteur n'est «pas rose», il ne sert à rien de l'enjoliver, déclare le commissaire à l'industrie Thierry Breton au «Handelsblatt». «Je suis très préoccupé par les annonces de fermetures d'usines», déclare le Français. Il s'agit de «préserver et de maintenir notre savoir-faire, notre capacité d'innovation et notre compétitivité».

Thierry Breton attribue la crise au fait que les constructeurs européens ne parviennent pas à convaincre leurs clients de l'intérêt de la mobilité électrique. Le succès du passage à l'électromobilité en Europe dépendra de manière décisive du développement de l'infrastructure de recharge, qui possède pour le moment des lacunes considérables. Il voit ici des déficits considérables. «Les stations de recharge publiques sont encore fortement concentrées en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, qui représentent près des deux tiers des stations de recharge publiques installées dans l'UE», explique-t-il.

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