La police nord-irlandaise enquête sur «près de 1200 affaires, ce qui n'est qu'une fraction des 3500 décès» survenus pendant les trois décennies des «Troubles», a fait valoir le ministre de l'Irlande du Nord Brandon Lewis au Parlement, précisant que le gouvernement entend entamer le processus législatif d'ici à l'automne.
«Il est de plus en plus difficile pour les tribunaux d'apporter aux familles les réponses qu'elles recherchent», a-t-il poursuivi, «si nous n'agissons pas maintenant», «nous condamnerons les générations actuelles et futures à de nouvelles divisions, empêchant la réconciliation».
Réconciliation
«Nous savons que la fin des poursuites sera difficile pour certains à accepter», a poursuivi Brandon Lewis, mais c'est «la meilleure solution pour aider l'Irlande du Nord à avancer sur la voie de la réconciliation».
Le conflit nord-irlandais a opposé pendant 30 ans républicains catholiques, partisans de la réunification de l'Irlande, aux unionistes protestants, attachés au maintien de la province sous la couronne britannique. Il a fait quelque 3500 morts et a pris fin avec l'accord de paix du Vendredi saint en 1998.
Interrogé un peu plus tôt lors de la séance hebdomadaire de questions devant le Parlement, le Premier ministre Boris Johnson a estimé qu'il s'agit de permettre à l'Irlande du Nord «d'aller de l'avant» et mettre un terme aux poursuites «vexatoires» contre les vétérans.
Contre une amnistie générale
Au même moment devant le Parlement irlandais, le Premier ministre Micheal Martin a répété son opposition au texte britannique.
«Je ne crois pas à une amnistie générale pour ceux qui ont commis des meurtres, qu'il s'agisse d'acteurs étatiques ou qu'ils soient impliqués dans des organisations terroristes ou illégales», a déclaré le chef du gouvernement irlandais à Dublin.
La présentation de ce texte intervient deux semaines après l'abandon par la justice des poursuites contre deux anciens soldats accusés de trois meurtres en 1972 durant les «Troubles» en Irlande du Nord, notamment lors du massacre du «Bloody Sunday».
Cette décision, qui avait provoqué la colère des familles des victimes, a été prise par le service chargé des poursuites pénales en Irlande du Nord (PPS). Elle fait suite à un réexamen des preuves mené après l'acquittement, en mai, par une cour de Belfast, de deux autres vétérans poursuivis pour le meurtre d'un membre de l'IRA en 1972.