Le parti au pouvoir à Singapour a remporté les élections générales de samedi, selon des résultats officiels publiés tôt dimanche, donnant au Premier ministre Lawrence Wong le mandat clair qu'il attendait des électeurs.
Le Parti d'action populaire (PAP) du Premier ministre singapourien Lawrence Wong, longtemps au pouvoir, a franchi le seuil des 49 sièges pour former un gouvernement majoritaire au sein du parlement monocaméral de 97 sièges du riche Etat insulaire d'Asie du Sud.
Peu après la victoire dans son quartier, Lawrence Wong, 52 ans, qui affichait un large sourire, a remercié ses partisans rassemblés dans le stade central de Singapour de lui avoir confié un «mandat fort» pour diriger la plus grande économie de l'Asie du Sud-Est.
2,76 millions de votes
«Nous vous remercions une fois de plus pour ce mandat fort et nous l'honorerons», a déclaré Lawrence Wong. Quelque 2,76 millions de Singapouriens ont voté samedi pour des législatives en forme de premier grand test pour le Premier ministre, dont le parti dirige le pays depuis 1959 et détient une très large majorité des sièges au Parlement.
En poste depuis mai 2024, le Lawrence Wong souhaitait sortir renforcé de ce scrutin afin de prendre des mesures face à une situation économique mondiale incertaine.
Son arrivée au pouvoir, qui a ouvert une nouvelle ère après des décennies de domination de l'influente famille Lee, a coïncidé avec une série de défis pour Singapour. Le ministre du Commerce, Gan Kim Yong, a annoncé récemment que le pays «ne (pouvait) pas exclure» une récession en 2025, du fait de l'incertitude causée par la hausse des droits de douane américains.
Restructuration majeure
Gan Kim Wong a ainsi appelé fin avril à une «restructuration majeure» de l'économie de la cité-Etat, pour résister à la «nouvelle tempête» résultant de la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump.
Le Premier ministre a aussi été confronté à une opposition renforcée, qui fustige l'équipe gouvernementale en place pour ne pas avoir freiné la hausse du coût de la vie et des prix de l'immobilier, appelant également à davantage de voix alternatives au Parlement.
Pour l'analyste politique Nydia Ngiow, le PAP a toujours été considéré comme un bouclier en cas de crise. De plus, selon elle, la guerre sur les droits de douane ne semble pas encore un facteur décisif dans l'attitude des électeurs.
Après avoir mis son bulletin dans l'urne, Mohammed Nazri ben Hadri, 25 ans, a dit à l'AFP espérer «des changements» dans les règles d'accès aux logements sociaux, trouvant «très difficile» de trouver une habitation à acheter.
Depuis 1995
Si le PAP est encore largement majoritaire, sa domination a été grignotée lors des dernières élections, avec une population, notamment les jeunes, désireuse de se faire plus entendre. Le Parti des travailleurs avait ainsi réussi à obtenir 10 des 93 sièges en jeu lors du scrutin de 2020, contre 4 précédemment.
Les jeunes électeurs se sont montrés de plus en plus réceptifs aux voix politiques alternatives. Une électrice a déclaré à l'AFP qu'elle avait été impressionnée par les nouveaux candidats «rafraîchissants et passionnants» issus de l'ensemble du spectre politique. «Qu'ils soient élus ou non, j'espère que nous les verrons et les entendrons plus souvent, et que nous apprendrons à mieux les connaître», a déclaré Shi'ai Liang, 40 ans.
Une stratégie gagante
Le Parti des travailleurs, devenu plus habile politiquement, espérait poursuivre sur cette lancée avec une liste de candidats charismatiques, dont un avocat de premier plan. Le parti a fortement mobilisé lors de ses rassemblements pendant la campagne, tout comme lors des élections précédentes.
En réponse aux critiques, le PAP a rappelé que l'Etat avait dépensé des milliards d'euros pour aider les citoyens à faire face à la hausse du coût de la vie, notamment par le biais d'aides financières et de bons d'épicerie.