Donald Trump semble inarrêtable. Après une série de victoires politiques décisives, sa «grande et belle loi» a été adoptée, jeudi 3 juillet, par les deux chambres du Congrès. Mais derrière ce succès législatif, un risque majeur se profile: l’opinion publique pourrait bien se retourner contre lui. De quoi donner des ailes aux démocrates à l’approche des élections de mi-mandat de 2026 qui rêvent d'être majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants.
Selon une étude du groupe de recherche indépendant KFF, près de deux électeurs sur trois (64%) ont une opinion défavorable de cette loi, qui prévoit notamment 1000 milliards de dollars de coupes dans les programmes sociaux comme Medicaid ou les bons alimentaires. «Notre mission est de faire comprendre que, lorsque les enfants mangent moins, que les hôpitaux ruraux ferment et que les factures explosent, c’est à cause du vote de leur élu républicain», tonne le sénateur démocrate Brian Schatz. Et les démocrates comptent passer à l'offensive extrêmement rapidement.
Une offensive éclaire
Dès la semaine prochaine, les démocrates comptent lancer des spots publicitaires agressifs ciblés dans les Etats-clés (Swing States) de Pennsylvanie, du Michigan et du Wisconsin, précise Politico. L'objectif est de mobiliser les électeurs là où la bataille sera la plus serrée. Chuck Schumer, chef de file démocrate à la Chambre, a dévoilé un des messages chocs à venir: «Ma fille avait un cancer. Elle allait bien. Et puis, tout d'un coup, sa couverture santé a été catastrophique», précise Chuck Schumer, chef de file démocrate à la Chambre.
Le parti prévoit également de transformer la pause parlementaire d’août en lancement de campagne avec des réunions publiques, des opérations de terrain et une stratégie d’expansion vers des bastions républicains. En parallèle, le DCCC (Comité de campagne démocrate pour la Chambre) recrute activement des candidats dans plusieurs circonscriptions pro-Trump, convaincu que le rejet de cette loi peut faire basculer l’électorat.
En effet, les démocrates trouvent ce projet si cruel, ruineux et comme étant le plus grand transfert de richesse de l'histoire américaine, qu'ils pensent pouvoir rallier les électeurs à leurs causes. «Il n’y a presque rien dans ce texte que j’aurais du mal à expliquer à mes électeurs», affirme Jared Golden, élu du Maine dans une circonscription que Trump avait remportée avec 9 points d’avance. «C’est un énorme cadeau fiscal aux riches. Tout le monde le sait, putain», martèle-t-il auprès du «New York Times».
Rendre visible l'invisible
Mais l’opération séduction s’annonce complexe. Car les électeurs ne mesurent pas encore pleinement les conséquences de la loi. Les mesures les plus impopulaires, comme les coupes dans Medicaid, n’entreront en vigueur qu’après les midterms. Et les Républicains ont adroitement inclus des réductions d’impôts ciblées sur les pourboires et les heures supplémentaires, très populaires auprès des classes ouvrières.
Autre obstacle: le manque d'information. Selon des sondages menés par Priorities USA et Navigator Research, la moitié des Américains n’ont jamais entendu parler de la loi. Et parmi ceux qui en ont entendu parler, seuls 8% savent qu’elle contient des coupes dans Medicaid. En 2024, 49% des bénéficiaires de Medicaid ont voté Trump, contre 47% pour Harris.
Pour les démocrates, tout l’enjeu est là: associer concrètement les difficultés quotidiennes aux choix politiques des républicains. Et faire passer un message clair, lisible, humain. Mais au-delà de parler aux Américains, le projet de loi de Donald Trump semble avoir unifié un parti démocrate en proie aux querelles internes pour trouver le coupable du revers de la présidentielle de 2024.