Après l’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk, la Maison Blanche promet de mobiliser tous les moyens pour punir ce qu’elle décrit comme un vaste réseau de gauche incitant à la violence. Depuis le Bureau ovale, lundi 15 septembre, Donald Trump a martelé qu’il envisageait de classer le mouvement antifasciste d’extrême gauche Antifa comme organisation terroriste nationale, rapporte le «New York Times».
«C’est quelque chose que je ferais, oui», a-t-il répondu lorsqu’il a été interrogé sur le sujet, tout en minimisant les violences commises par ses partisans de droite. Reste que la cible demeure floue: Antifa n’est pas un groupe structuré, mais un mouvement diffus, sans leader, sans liste d'adhérents ni organisation centralisée.
Ces déclarations interviennent alors que plusieurs responsables de l’administration affirment, à la suite du meurtre de Charlie Kirk, vouloir cibler ce qu’ils présentent comme une action coordonnée de la gauche. Aucune preuve n’a toutefois été rendue publique en ce sens. Les enquêteurs cherchent encore à établir le mobile du suspect, un jeune homme de 22 ans. Le gouverneur républicain de l’Utah, Spencer Cox, a indiqué qu’il avait une «idéologie de gauche» et qu’il aurait agi seul, sans donner davantage de précisions.
La gauche dans le viseur
«Antifa est terrible. Et il existe d’autres groupes», a insisté Trump. «Nous avons des organisations radicales qui ont commis des meurtres en toute impunité», a-t-il ajouté, sans fournir de preuves. Le président a précisé avoir discuté avec la procureure générale Pam Bondi de la possibilité de porter des accusations de racket contre des groupes de gauche soupçonnés de financer des agitateurs. «Ils devraient être en prison. Ce qu’ils font à ce pays est vraiment subversif.»
Son conseiller Stephen Miller a renchéri depuis le Bureau ovale, accusant «un réseau d’organisations» d’avoir provoqué des émeutes, et citant les manifestations Black Lives Matter. «Le point essentiel du président est que quelqu’un finance tout cela. Ces personnes seront désormais pénalement responsables d'avoir financé des violences», a-t-il affirmé.
Trump a poursuivi lundi en répétant que «la gauche radicale» serait seule responsable de la vague de violences politiques qui traverse les Etats-Unis. «Elle semble le faire à une échelle plus importante.»
Deux poids, deux mesures
A la suite du meurtre de Charlie Kirk, Trump a immédiatement ordonné la mise en berne des drapeaux. Interrogé sur les raisons pour lesquelles il ne l’avait pas fait après l’assassinat, en juin, de la démocrate du Minnesota Melissa Hortmann et de son mari, le président a répliqué qu’il l’aurait fait si le gouverneur l’avait demandé.
Or, ce gouverneur n’était autre que Tim Walz, candidat à la présidentielle de 2024. Trump avait refusé de l’appeler pour lui présenter ses condoléances, le traitant de «cinglé». «Je pourrais être gentil et appeler, mais pourquoi perdre du temps?», avait-il lâché.
Lundi, le porte-parole de Tim Walz a répliqué: «Le gouverneur souhaite que le président Trump soit un président pour tous les Américains.»
«Quelque chose de sombre»
Les démocrates, eux, redoutent que la Maison Blanche ne se serve du meurtre de Charlie Kirk comme prétexte pour ne pas seulement s’attaquer aux discours de haine et de violence, mais aussi à toute forme de dissidence politique. «Soyez attentifs. Quelque chose de sombre pourrait se produire», a averti le sénateur Chris Murphy (Connecticut) sur les réseaux sociaux. «Le meurtre de Charlie Kirk aurait pu unir les Américains contre la violence politique. Au lieu de cela, Trump et ses radicaux antidémocratiques semblent préparer une campagne pour détruire la dissidence», a-t-il ajouté.
Le représentant démocrate du Texas, Greg Casar, a dénoncé un climat dangereux. Celui-ci a déclaré lundi que le meurtre de Charlie Kirk était «odieux», tout comme celui de Melissa Hortmann, l’agression au marteau contre le mari de Nancy Pelosi, ou encore l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021 par une foule pro-Trump.
Ce jour-là, cinq personnes ont trouvé la mort. Mais loin de reconnaître une attaque violente, Donald Trump continue de présenter le 6 janvier comme «un jour d’amour» et a même gracié les assaillants, évoquant désormais une compensation financière. Alors que les Etats-Unis s’enfoncent toujours plus dans la polarisation, ses mots illustrent à quel point la lecture des violences dépend désormais du camp auquel on appartient.