La brutalité de ce rite est difficile à décrire. Cet été, 39 adolescents ont perdu la vie lors d’une cérémonie d’initiation du peuple xhosa, en Afrique du Sud. Selon le quotidien britannique «The Mirror», elles ont été victimes de mutilations génitales pratiquées lors du rituel.
Des «chirurgiens» traditionnels, souvent non formés, utilisent de vieilles lances ou des lames de rasoir pour pratiquer la «circoncision», généralement sans anesthésie. Les plaies sont ensuite soignées à l’aide de remèdes traditionnels comme des herbes ou de la cendre, ce qui favorise les infections.
«J’avais très peur d’y aller»
Les décès sont fréquents lors de cette cérémonie organisée deux fois par an. Elle marque le passage à l’âge adulte pour les jeunes du peuple xhosa, généralement âgés de 16 à 26 ans.
«The Mirror» a recueilli le témoignage de Scotty D.*, 19 ans, survivant de l’un de ces camps d’initiation: «J’avais très peur d’y aller, raconte-t-il. Dans ma communauté, beaucoup de garçons étaient passés par là avant moi. Je voulais être respecté par les anciens. C’était très douloureux et je suis tombé malade, mais j’ai été soigné et j’ai survécu.»
Sans cette initiation, les jeunes ne peuvent pas participer aux événements de la tribu, ni se marier. Ceux qui refusent sont marginalisés, bien que la cérémonie soit officiellement présentée comme volontaire. En réalité, il arrive que des adolescents soient arrachés de force à leur famille et emmenés dans les camps. Les organisateurs réclament parfois d’importantes sommes d’argent aux parents pour qu’ils récupèrent leurs enfants.
360 morts en cinq ans
Depuis 2020, plus de 360 jeunes sont morts à la suite de ces rituels. Les causes de décès sont variées: infections, septicémie, nécroses, déshydratation, ou violences et bagarres liées à un refus de participation. En 2024, onze jeunes n’ont pu être sauvés que par une amputation du pénis. Depuis des années, les autorités sud-africaines tentent de mettre fin à ces pratiques, souvent menées dans des zones isolées, loin de tout contrôle extérieur.
L’objectif officiel est clair: zéro mort en 2025. Mais il reste difficile à atteindre. En juin, plus de 60 adolescents ont pu être secourus avant de subir le rituel. Selon la commission gouvernementale PICC, 14 camps illégaux ont été fermés ces derniers mois. Le gouvernement sud-africain accuse des groupes criminels d’organiser ces cérémonies. Des «médecins» non qualifiés y pratiqueraient des mutilations sans tenir compte des lois en vigueur.
*Nom anonymisé