Percée sur le front ukrainien, enlèvement, capture. La Russie mise-t-elle sur une toute nouvelle stratégie d'attaque? Les médias ukrainiens ont rapporté ce week-end que des troupes russes avaient envahi le village de Hrabovs'ke, dans la région de Soumy.
Les autorités russes ont déclaré peu après avoir pris Hrabovske ainsi que Vysoke, situé juste au nord. Une cinquantaine de villageois ont été enlevés, a expliqué le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiga sur X. «Avec de tels raids moyenâgeux, la Russie de Poutine montre qu'elle ne se distingue pas des organisations terroristes», a écrit Andrii Sybiga.
Nouvelle stratégie dans le nord
Jusqu'à présent, il n'a pas été possible de vérifier ces informations de manière indépendante. Le nombre et le lieu de séjour des personnes présumées enlevées ne sont pas clairs.
Selon l'estimation de l'Institute for the Study of War (ISW), il existe des indices selon lesquels les forces russes ont pris temporairement le contrôle de Hrabovs'ke. Un incident similaire se serait produit dans le village de Sotnyts'kyi Kozachok dans la région de Kharkiv.
Le fait est que la Russie mise sur une nouvelle stratégie d'attaque sur le front nord. Elle se caractérise par de petites attaques surprises, souvent dans l'obscurité. Dans le cas actuel de Hrabovs'ke, des blogueurs militaires russes rapportent également, selon l'ISW, un franchissement nocturne de la frontière sous couverture de brouillard.
Quel est l'objectif du Kremlin?
Kiev parle de «zones grises» disputées qui ne sont actuellement tenues complètement par aucune des parties. «Nous essayons de stabiliser la situation», a déclaré le porte-parole de l'armée Dmitro Lykhoviy, confirmant un retrait partiel des unités ukrainiennes de la région.
Les attaques transfrontalières de la Russie devraient faire partie d'une stratégie ciblée, analyse l'ISW: «Elles servent à donner l'impression à l'Occident que les lignes de front ukrainiennes s'effondrent, dans le but de créer une pression politique et de forcer Kiev à faire des concessions.» Ce faisant, Moscou a manifestement l'intention de présenter les incursions limitées dans de petits villages ruraux frontaliers comme les signes avant-coureurs d'une nouvelle offensive.
Une guerre psychologique
Or, selon l'ISW, aucune offensive de grande envergure n'est imminente. C'est pourquoi les attaques doivent avant tout être comprises comme une «guerre psychologique».
Il faut noter que la zone frontalière autour de Hrabovs'ke est inactive depuis des mois. La Russie y a retiré ses unités d'élite. La ligne de front autour de Sotnyts'kyi Kozachok est inactive depuis l'été 2024. La région se prête à attirer l'attention internationale par ces attaques ciblées. «Il s'agit de provocations locales», selon l'ISW qui cite le colonel ukrainien Viktor Tregubov.
Une attaque sciemment mise en scène?
L'attaque près de Sotnyts'kyi Kozachok aurait donc été conçue pour se retrouver sous les feux des projecteurs. Des vidéos montrent comment une quinzaine de soldats d'infanterie ont tenté de pénétrer dans le village. Des drones ukrainiens ont stoppé l'attaque. Selon les informations disponibles, plus d'une douzaine de soldats sont morts.
Le changement de tactique est également remarquable. Lors de l'attaque près de Sotnyts'kyi Kozachok, les forces russes auraient progressé en groupes exceptionnellement serrés. Un procédé qui va à l'encontre des infiltrations russes habituelles, basées sur des petites équipes de deux à cinq personnes. Les raisons qui ont poussé Moscou à prendre ce choix risqué restent floues.