Tout allait bien – jusqu'au contrôle des passeports. Agim B.* et sa copine se réjouissaient de passer leurs vacances en Turquie. Mais au lieu de rejoindre leur hôtel all inclusive, le Suisse d'origine albanaise s'est retrouvé, jeudi dernier, dans la zone réservée aux réfugiés déboutés et aux passagers en attente d'expulsion à l'aéroport d'Antalya.
Il raconte à Blick: «Il était environ 15h30 quand nous sommes arrivés au contrôle des passeports. Ma copine est passée sans problème. Mais pour moi, ça coinçait.» Le garde-frontière turc passe le passeport d'Agim à plusieurs reprises dans l'appareil. Chaque fois, un message d'alerte s'affiche sur l'écran, remarque-t-elle.
Les deux sont interrogés
Le garde-frontière appelle un policier. Le couple commence à comprendre que pour Agim, le voyage ne dépassera pas les portes de l'aéroport.
Un agent de police emmène le couple dans une salle d’interrogatoire. C'est alors que l'on reproche à Agim d'être, en réalité, russe et de poster des vidéos de propagande à propos de la Turquie sur les réseaux sociaux. Le fait que l'homme ne publie presque rien sur ses comptes et qu'il n'ait jamais rien posté sur la Turquie ne calme pas les fonctionnaires.
Les avocats demandent plusieurs centaines de francs
Le couple est ensuite transféré dans la zone d’attente des départs forcés. Agim appelle aussitôt le consulat général de Suisse à Istanbul. La réponse le déçoit: on le renvoie vers la Helpline du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). A Berne, même réaction: son cas ne relève pas d'une urgence. Par e-mail, on lui transmet simplement une liste d’avocats à contacter pour déposer un recours.
Lorsque l'homme fait appel aux avocats. Ceux-ci lui demandent de payer 400 à 500 francs d'avance. Beaucoup trop pour Agim qui, de son point de vue, n'a rien fait de mal.
Il faut attendre sept heures avant de pouvoir manger un morceau
Le couple doit patienter pendant des heures dans la zone d'attente, et ce, sans nourriture. A un moment donné, la ligne téléphonique d'Agim est même coupée puisqu'il n'a pas souscrit d'abonnement étranger pour téléphoner. «Ce n'est qu'à une heure du matin que j'ai su que je pourrais repartir le vendredi à 7h. Je n'avais aucune information avant», déplore-t-il.
Agim aurait souhaité plus d'aide de la part des autorités de son pays d'origine. Son bilan après son retour est amer: «Je suis extrêmement déçu. Les autorités suisses ne se sont pas du tout investies pour nous.»
«La prochaine fois, nous irons en Egypte»
Contacté par Blick, le DFAE confirme l'appel du lecteur à la helpline. Les autorités suisses précisent: «Le DFAE ne peut pas obtenir d'autorisation d'entrée dans des pays tiers. L'aide du DFAE ne s'active que lorsque les personnes concernées ont tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour surmonter elles-mêmes la situation d'urgence sur le plan organisationnel ou financier.»
Agim et sa compagne vont probablement devoir payer les frais d'hôtel, un montant à quatre chiffres. A cela s'ajoute la facture élevée de Salt pour le téléphone portable. «La prochaine fois, nous irons plutôt en Egypte», dit-il.
* Nom modifié