L'Afrique du Sud ne fait pas face à un «génocide blanc». Les affirmations selon lesquelles la plupart des victimes de meurtres dans les fermes sont blanches constituent une déformation des statistiques, a déclaré vendredi le ministre de la Police, rejetant les accusations de Donald Trump.
La théorie du complot sur le génocide est «totalement infondée et totalement non étayée», a affirmé Senzo Mchunu, rejetant les déclarations du président américain qui a de nouveau soutenu lors d'entretiens mercredi avec le président Cyril Ramaphosa que «des milliers» d'agriculteurs blancs avaient été tués.
«La question des homicides dans le pays a toujours été déformée et rapportée de manière déséquilibrée», a déclaré Senzo Mchunu devant des journalistes. «La vérité est que les meurtres dans les fermes ont toujours inclus des Africains (noirs, ndlr) et en plus grand nombre» que les blancs, a-t-il ajouté.
Les statistiques disent le contraire
Présentant les statistiques trimestrielles de la criminalité, il a indiqué que deux propriétaires de fermes avaient été assassinés entre janvier et mars 2025, tous deux noirs. Un habitant d'une ferme, deux employés de ferme et un directeur de ferme ont également perdu la vie lors d'attaques dans des fermes au cours du trimestre. Un seul, l'habitant, était blanc, a précisé Senzo Mchunu.
«Nous ne nions pas que les niveaux de criminalité dans le pays sont élevés», a-t-il déclaré, mais cela «concerne toutes les régions, les zones rurales comme les zones urbaines». Douze meurtres dans des fermes ont été enregistrés d'octobre à décembre 2024, dont une seule victime, un propriétaire de ferme, était blanche, a encore indiqué le ministre.
Lors des entretiens de mercredi dans le Bureau ovale, Trump a montré une vidéo et des articles prétendant soutenir ses accusations de «persécution» et que l'AFP a vérifiés et qui contenaient de nombreuses inexactitudes.
Pas de saisies de terres
Les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier, ce dernier ayant réduit l'aide à Pretoria, expulsé l'ambassadeur sud-africain et offert un «refuge» aux Blancs fuyant ce qu'il qualifie de «persécutions».
Senzo Mchunu a expliqué que si la police ne catégorise habituellement pas les crimes par race, elle a fait exception pour les meurtres dans les fermes «dans le contexte des accusations de génocide contre les populations blanches.»
Pour «montrer une image plus complète», la police incluera de nouvelles catégories dans ses statistiques pour distinguer les meurtres commis en zones rurales, en milieu urbain et dans les fermes, a-t-il précisé. Le ministre a également rejeté les accusations répétées par Donald Trump selon lesquelles le gouvernement exproprierait des terres appartenant à des agriculteurs blancs.
La police a enregistré quelques cas d'occupations «illégales» de terres, principalement en zones urbaines, mais aucune expropriation n'a été ordonnée par le gouvernement, a-t-il précisé. «C'est une allégation non étayée, et elle le reste, même si elle est avancée par des personnes qui occupent des postes importants», a-t-il déclaré.
Baisse du nombre de meurtres
Les chiffres relevés entre janvier et mars ont montré une baisse de 12% du nombre de meurtres par rapport à la même période l'année dernière, avec 5727 personnes tuées, dans un pays qui compte plus de 64 millions d'habitants.
Cela équivaut à environ 63 meurtres par jour, contre plus de 75 quotidiennement sur l'année financière 2023/24 selon les chiffres de la police. Les victimes sont majoritairement de jeunes hommes noirs vivant en zones urbaines. Les chiffres publiés vendredi ont également montré une légère augmentation des cas de viol signalés, à près de 10'700 en trois mois.