Plus d'un million d'écoutes mensuel et plus de 30'000 abonnés à leur profil Spotify, pourtant, aucune trace physique du groupe The Velvet Sundown. Aucune présence en ligne des membres du groupe. Rien. Selon plusieurs observateurs, derrière ce phénomène se cache… une intelligence artificielle, relève franceinfo lundi 7 juillet.
Deezer, le rival de la plateforme suédoise, l'atteste: «Nous avons identifié que la musique de The Velvet Sundown avait été 100% générée par l'IA grâce à notre propre outil de détection déployé au début de l'année», lâche le porte-parole.
Aux doutes viennent s'ajouter une hyperactivité musicale: trois albums en six semaines. Une situation qui agace les professionnels de la musique, dont certains accusent Spotify de créer volontairement des faux groupes générés par IA pour ne pas payer de droits d'auteurs.
Le groupe fanfaronne
La recette du succès du groupe est pourtant simple: «Des airs planants venus du rock indépendant, des photos brillantes et lisses typiques de l'IA ou encore des paroles qui semblent parfois avoir été écrites en alignant des mots choisis au hasard dans un dictionnaire», rapporte le média français.
Après avoir nié les accusations sur sa page Spotify par l'intermédiaire d'un faux porte-parole, le groupe a finalement reconnu un «soutien de l'intelligence artificielle». Ils justifient cette utilisation par leur volonté de «provocation artistique permanente». Le groupe semble d'ailleurs s'amuser du phénomène.
Ils concluent leur bio Spotify: «Pas tout à fait humain. Pas tout à fait machine. The Velvet Sundown vit quelque part entre les deux.» Sur le réseau social X, le groupe renchérit: «Ils ont dit que nous n'étions pas réels. Peut-être que vous ne l'êtes pas non plus.»
Un coup de Spotify?
Mais si la situation amuse The Velvet Sundown, d'autres ne rigolent pas. Les plateformes d'écoute seraient submergées par des musiques produites par de l'IA. En parallèle, de nombreux artistes peinent à vivre de leur musique dans ce nouvel écosystème musical.
Pour l'animateur radio Philippe Manœuvre, le coupable est tout trouvé: «c'est Spotify qui fabrique de la musique pour éviter de reverser des droits d'auteurs. C'est juste mercantile.» La journaliste Liz Pelly qui a réalisé un livre-enquête sur le sujet, déclarait qu'il n'était pas rare que l'entreprise glisse des musiques générées par l'IA dans des playlists prisées.
La plateforme suédoise s'était défendue de ces accusations plus tôt dans l'année auprès de franceinfo Culture: «Spotify ne télécharge, crée ou met en ligne aucun contenu, qu'il soit généré par l'intelligence artificielle ou autre.» En attendant, toujours pas de trace de The Velvet Sundown. Malgré trois albums, aucun concert à l'horizon. De quoi continuer à alimenter la polémique.