Ce phénomène choque Internet
Elle découvre ses photos de nues partagées à 100'000 personnes

Des milliers d'hommes chinois partagent des photos intimes de femmes sans consentement sur Telegram, provoquant l'indignation. Cette affaire soulève des questions sur la protection des femmes et la lutte contre la pornographie illégale en Chine.
Publié: 25.07.2025 à 20:37 heures
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Des milliers d'hommes chinois partagent des photos intimes de femmes sans consentement sur Telegram. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
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AFP Agence France-Presse

Des milliers d'hommes en Chine ont partagé des photos et des vidéos intimes de leur petite amie ou de leur épouse sans leur consentement, sur l'application de messagerie Telegram, entraînant un appel général à renforcer la protection des femmes.

La vague de réactions est survenue après l'expulsion d'une étudiante chinoise par une université mi-juillet pour «atteinte à la dignité nationale», après qu'un joueur ukrainien d'e-sport a diffusé des vidéos sur Telegram montrant qu'ils avaient eu des relations intimes.

Un événement similaire s'est produit jeudi. Une Chinoise a découvert que des photos d'elle, prises à son insu, avaient été partagées sur un forum de cette même messagerie comptant plus de 100'000 utilisateurs, principalement des hommes chinois, a rapporté le média d'État Southern Daily.

«Nous ne sommes pas du 'contenu' qui peut être téléchargé, visionné et fantasmé au hasard», peut-on lire dans un commentaire sur le réseau social Red Note. «Nous ne pouvons plus rester silencieuses. Parce que la prochaine, ça pourrait être moi, ou ça pourrait être toi».

Un cauchemar pour les victimes

La pornographie est illégale en Chine et les comportements conservateurs envers les femmes restent la norme, renforcés par les médias d'État et la culture populaire. Le plus grand groupe de ce genre sur Telegram, nommé «Mask Park», a depuis été supprimé mais des groupes dérivés plus petits restent actifs, selon la femme contactée par le Southern Daily.

D'autres membres du forum ont également partagé des photos de leurs actuelles ou anciennes compagnes, selon un article publié dans le Guangming Daily, un média soutenu par le Parti communiste chinois au pouvoir, suscitant un tollé général sur Internet. Un hashtag associé à cette affaire a été consulté plus de 230 millions de fois sur la plateforme sociale Weibo depuis jeudi.

«Ce que les criminels considèrent comme 'normal' pour eux peut être un cauchemar dont d'innombrables femmes ne peuvent pas échapper pour le reste de leur vie», a réagi une femme sur un autre réseau social chinois, Douyin, racontant elle aussi avoir été victime d'une expérience de ce genre en 2024. La police chinoise a intensifié sa lutte contre les enregistrements illégaux, arrêtant des centaines de personnes en 2022 pour activité de surveillance clandestine.

Mais les droits des femmes restent un sujet sensible en Chine. Au cours de la dernière décennie, les autorités ont réprimé presque toutes les formes d'activisme féministe indépendant. Les autorités chinoises n'ont pour le moment annoncé aucune mesure contre Telegram, qui est interdit en Chine mais qui reste accessible via certains réseaux privés virtuels, a affirmé la plateforme à l'AFP.

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