De violents affrontements ont lieu mardi matin dans la ville à majorité druze de Soueïa, dans le sud de la Syrie, où les forces gouvernementales sont entrées, a rapporté un correspondant de l'AFP posté à l'entrée de la ville. Tout cela a lieu après deux jours de combats meurtriers entre combattants druzes et bédouins ayant fait une centaine de morts.
«Nous annonçons un cessez-le-feu total, après un accord avec les notables de la ville», a annoncé le ministre, Mourhaf Abou Qasra, sur son compte X. Des affrontements opposaient les forces gouvernementales entrées dans la ville à des combattants druzes, au milieu d'annonces contradictoires des chefs religieux druzes, la plupart les appelant à remettre leurs armes sans résistance mais l'un d'eux leur demandant de combattre.
L'agence officielle syrienne Sana a indiqué mardi que l'aviation israélienne avait visé la ville à majorité druze de Soueïda, dans le sud de la Syrie, où les forces gouvernementales ont pénétré plut tôt dans la matinée. «L'aviation de l'occupation israélienne vise la ville de Soueida», a affirmé l'agence. Israël avait déjà frappé lundi les abords de Soueïda où étaient massées les troupes gouvernementales, et le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait affirmé qu'il s'agissait d'«un clair avertissement au régime syrien». «Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux druzes en Syrie.»
Des affrontements de plusieurs jours
Des affrontements entre combattants druzes et tribus bédouines avaient éclaté dimanche après l'enlèvement d'un commerçant druze par des bédouins, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des négociations avaient été lancées lundi entre les autorités syriennes et des représentants des druzes pour parvenir à un arrêt des combats dans cette région à majorité druze. Ces nouvelles violences intercommunautaires illustrent les défis auxquels fait face le pouvoir intérimaire d'Ahmad al-Chareh depuis qu'il a renversé le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Lundi, Israël avait annoncé avoir frappé dans cette région plusieurs chars des forces gouvernementales et ajouté qu'il ne permettrait pas de présence militaire dans le sud de la Syrie. Israël était déjà intervenu ces derniers mois en Syrie sous prétexte de protéger les druzes. Ces frappes constituent «un avertissement clair au régime syrien. Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux druzes en Syrie», a déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz.
Lundi après-midi, les forces gouvernementales qui avaient dépêché d'importants renforts dans la région avaient pris le contrôle d'Al-Mazraah, un village druze aux abords de Soueïda, selon un correspondant de l'AFP.
Une ville druze
La province de Soueïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l'islam qui comptait quelque 700'000 membres en Syrie avant la guerre civile, et est aussi implantée au Liban et en Israël.
Selon l'OSDH, les affrontements ont fait 99 morts, parmi lesquels 60 druzes, pour la plupart des combattants mais également deux femmes et deux enfants, 18 bédouins, 14 membres de forces de sécurité et sept hommes armés non identifiés. Le ministère de la Défense a fait état de 18 morts dans les rangs des forces armées.
Les tensions couvaient depuis des heurts interconfessionnels en avril entre combattants druzes et forces de sécurité dans les zones druzes proches de Damas et à Soueïda, qui avaient fait plus de 100 morts. Des membres de tribus bédouines sunnites de Soueïda avaient participé aux affrontements au côté des forces de sécurité, selon l'OSDH. A l'époque, des chefs locaux et religieux avaient conclu des accords, en vertu desquels des combattants druzes assurent depuis mai la sécurité dans la province.
Après la chute de Bachar al-Assad, renversé par une coalition de rebelles islamistes sunnites, les violences contre la communauté alaouite – plus de 1700 morts – puis contre les druzes, ainsi qu'un attentat contre une église à Damas en juin, ont ébranlé la confiance dans la capacité du nouveau pouvoir à protéger les minorités.