Son voyage au Proche-Orient lui en met plein les yeux
Comment les pays du Golfe ont rendu Trump complètement gaga

Dômes dorés, contrats de plusieurs milliards et contrôle absolu: dans les pays du Golfe, Donald Trump trouve un modèle d'Etat étonnamment proche de sa conception du pouvoir, de l'efficacité et de la force nationale.
Publié: 14.05.2025 à 20:37 heures
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Dernière mise à jour: 14.05.2025 à 20:40 heures
Le voyage de Donald Trump au Moyen-Orient devient le miroir de ses idéaux politiques.
Photo: imago/Xinhua
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Chiara Schlenz

La tournée actuelle de Donald Trump au Moyen-Orient est un miroir de sa vision politique. Alors qu'il parcourt l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis, il est clair que le président américain se sent visiblement bien dans cette région – non pas malgré l’autoritarisme qui caractérise ces pays, mais précisément à cause de lui. Structures de pouvoir centralisées, faste ostentatoire et absence de contre-pouvoirs. Blick a retenu trois raisons qui expliquent l’attirance de Trump pour les pays du Golfe... et qui révèlent sa conception très personnelle du leadership.

1

L'efficacité autoritaire plutôt que les blocages démocratiques

En Arabie saoudite, Trump a été accueilli sur un tapis violet, entouré de bâtiments somptueux et de fontaines crachant du feu. Pour un homme qui se heurte aux contre-pouvoirs à Washington, cette mise en scène d’un pouvoir absolu est un rêve devenu réalité. Pas de Congrès, pas de médias critiques, pas de protestations: dans les Etats du Golfe, on fait de la politique, on ne la discute pas.

Cette conception d'un contrôle ininterrompu, incontesté et illimité est quelque chose qui, selon Trump lui-même, manque aux Etats-Unis. Déjà lors de son premier mandat, il s'était plaint à plusieurs reprises qu'en tant que président, il ne pouvait «pas gouverner comme un PDG». A Riyad, c'est exactement ce qu'il admire.

2

Les affaires avant tout

Dans les monarchies du Golfe, politique et business ne font qu’un. La séparation entre la fonction publique et les avantages privés est floue. Au Qatar par exemple, des membres de la famille régnante sont simultanément à la tête du fonds souverain et de sociétés holding privées. Des projets de plusieurs milliards sont mis en place de façon quasi-individuelle et les accords sont négociés directement entre les dirigeants. Trump n'y voit pas un problème, mais un modèle. Déjà en tant que président, il n'hésitait pas à utiliser ses hôtels et ses complexes de golf comme lieux de rencontres officielles. Maintenant, pendant son voyage, ses fils nouent de nouveaux liens commerciaux dans la région.

3

La grandeur en béton armé

Les villes que Trump traverse sont des monuments de futurisme: Doha, et des gratte-ciels en verre; Riyad, avec ses projets à plusieurs milliards de dollars; Abu Dhabi, avec des événements culturels et sportifs mis en scène. Derrière tout cela, un message clair: nous construisons notre avenir et nous le faisons sans restriction.

Trump y voit une démonstration de ce qu’il souhaite pour l’Amérique: un pays qui construit, qui impressionne, qui avance – sans perdre de temps dans les procédures démocratiques. Dans son discours à Riyad, il a souligné que le Proche-Orient exportait aujourd'hui «de la technologie plutôt que du terrorisme» – un récit flatteur, qui passe sous silence la répression et les violations des droits humains. Car pour Trump, ce qui compte, c’est le résultat visible. Et ceux qui livrent du concret méritent le respect.

La politique étrangère de Trump est celle d'un marchand de biens et les pays du Golfe le lui rendent bien. Rien que lors de la visite en Arabie saoudite, des investissements de 600 milliards de dollars ont été annoncés.

Un rêve autoritaire dans le désert

Dans un climat politique où il rencontre de plus en plus d'opposition aux Etats-Unis – juridique, médiatique, sociale – les Etats du Golfe apparaissent comme un contre-projet: celui d'un capitalisme autoritaire qui ne pose pas de questions, mais qui agit. Le voyage de Trump est donc aussi une projection: celle d'une Amérique qui ne débat plus, mais qui gouverne. Une Amérique qui ne se mesure pas à des normes, mais à des accords.

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