Le Venezuela a averti Washington que des «extrémistes» voulaient placer des explosifs contre l'ambassade américaine à Caracas, en pleine crise entre les deux pays et le déploiement de bateaux de guerre américains dans les Caraïbes. En parallèle, le pouvoir a organisé une marche qui s'est terminée devant le siège des Nations Unies dans la capitale.
Les manifestants ont rejeté la présence des navires de guerre américains proches des eaux territoriales et les accusations de narcotrafic lancées par le président américain Donald Trump. «Nous ne sommes pas un narco-état, nous sommes bolivariens», pouvait-on lire sur l'une des pancartes brandies lors du rassemblement.
«Nous voulons dire (...) à M. Trump qu'il retire ses navires (et) ses batteries de missiles, car ce n'est pas un pays narcotrafiquant, c'est un pays qui lutte contre le narcotrafic», a déclaré à l'AFP Manuel Ladera. Ce dernier, âgé de 62 ans, travaille dans un aéroport.
Maduro évoque un «groupe terroriste»
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré lundi qu'un «groupe terroriste local» prévoyait de placer une «charge explosive à l'ambassade américaine». Le chef d'Etat vénézuélien a dénoncé une «provocation» dans un contexte de tension extrême entre les deux pays.
«Deux sources» concordantes ont alerté sur «la possibilité qu'un groupe terroriste local place une charge explosive à l'ambassade des États-Unis à Caracas», a affirmé le président lors d'une émission télévisée. Le dirigeant s'exprimait pour donner davantage détails sur une opération dénoncée par le président de l'Assemblée nationale dans la nuit de dimanche à lundi.
«Malgré toutes les différends que nous avons eus avec les gouvernements des Etats-Unis, cette ambassade est protégée conformément à l'Accord de Genève et au droit international par notre gouvernement. L'ambassade des États-Unis au Venezuela est considérée comme territoire américain (...) C'était une action de provocation», a-t-il souligné.
«Extrémistes de la droite locale»
Dans un communiqué diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, le président de l'Assemblée nationale Jorge Rodriguez dit avoir «averti le gouvernement des Etats-Unis d'une grave menace: à travers une opération sous faux drapeau, des secteurs extrémistes de la droite locale (le terme des autorités pour l'opposition, ndlr) ont l'intention de placer des explosifs dans l'ambassade des Etats-Unis au Venezuela».
Le pouvoir accuse régulièrement l'opposition de complots réels ou imaginaires. Caracas et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019 et l'ambassade américaine à Caracas est déserte à l'exception de quelques employés.
«Nous avons renforcé les mesures de sécurité autour de cette mission diplomatique que notre gouvernement respecte et protège», a ajouté Jorge Rodriguez, qui est aussi le négociateur en chef du Venezuela lors de discussions avec les Etats-Unis. «Nous avons également averti une ambassade européenne de ces faits afin qu'elle informe le personnel diplomatique des Etats-Unis de la gravité de cette information», a-t-il souligné.
Une opposante ciblée?
Sur les réseaux sociaux, circule depuis des semaines une rumeur selon laquelle la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, dans la clandestinité depuis la présidentielle de juillet 2024, a trouvé refuge dans l'ambassade américaine. L'intéressée n'a jamais révélé à l'AFP où elle se trouvait et aucune autorité vénézuélienne ou américaine n'a confirmé ces rumeurs.
Cependant, le puissant ministre de l'Intérieur et de la Justice, Diosdado Cabello, avait laissé entendre mi-septembre que Mme Machado se trouvait dans les locaux de l'ambassade américaine. «Elle est à Valle Arriba, dans une grande maison, où ils disent qu'il n'y a personne, mais il y a quelqu'un (...) mais ne le dites à personne parce que c'est un secret», avait-il ironisé.
L'ambassade des Etats-Unis est située dans la zone de Valle Arriba. L'opposition revendique la victoire à la présidentielle de 2024, criant à la fraude. La réélection de Nicolas Maduro n'a pas été reconnue par Washington et une grande partie de la communauté internationale.
Frappes américaines dans les caraïbes
Vendredi, Washington, qui a déployé des navires militaires dans la mer des Caraïbes dans le cadre d'un opération anti-drogue, a lancé une nouvelle frappe sur un bateau de narcotrafiquants présumés au large des côtes du Venezuela, tuant quatre personnes. Cela porte à au moins quatre les frappes visant de telles embarcations, faisant au moins 21 morts.
Nicolas Maduro a dénoncé vendredi une «agression armée» des Etats-Unis, accusant Washington d'utiliser le trafic de drogue comme un faux prétexte «pour imposer un changement de régime» et s'emparer des réserves de pétrole parmi les plus importantes au monde. Le gouvernement vénézuélien avait par ailleurs condamné jeudi l'"incursion illégale» de chasseurs américains dans une zone sous son contrôle aérien.