Des corps dans la Seine
Un sans-abri au cœur d’un quadruple meurtre a été mis en examen

Un jeune homme sans-abri a été mis en examen pour les meurtres de quatre personnes retrouvées dans la Seine, en région parisienne, le 13 août. Les victimes, dont certaines étaient également SDF, présentent des signes de strangulation et fréquentaient les lieux du drame.
Publié: 13:21 heures
Partager
Écouter
Le voile se lève progressivement sur l’affaire des quatre corps découverts dans la Seine le 13 août en région parisienne.
Photo: Shutterstock
Post carré.png
AFP Agence France-Presse

Le mystère entourant les quatre corps retrouvés dans la Seine le 13 août en région parisienne se dissipe peu à peu: le parquet a requis dimanche matin la mise en examen d'un jeune homme sans-abri pour quatre meurtres. Cet homme, dont l'identité reste «incertaine» de l'aveu même du parquet, est selon cette source «un homme SDF, âgé d'une vingtaine d'années, de type nord-africain et de nationalité non établie».

Après quatre jours de garde à vue, il a été présenté à un juge dimanche matin «dans le cadre d'une information judiciaire ouverte du chef de meurtres en concours au préjudice des quatre victimes», selon un communiqué du parquet de Créteil. Le ministère public a requis son placement en détention provisoire.

Contacté dimanche matin, son avocat, Me Antoine Ory, n'a pas souhaité s'exprimer. Depuis mercredi, l'homme a répondu «succinctement aux enquêteurs sur ses éléments de vie» mais a refusé de s'exprimer sur les faits qui lui sont reprochés, indique le ministère public.

La qualification de meurtres en concours, «si elle n'aggrave pas la peine encourue pour meurtre, permet la mise en oeuvre d'un régime procédurale dérogatoire ouvrant le recours à des techniques spéciales d'enquête et, en cas d'interpellation, à une mesure de garde à vue pouvant aller jusqu'à 96 heures», détaille encore le communiqué.

Présents sur les lieux du crime

La garde à vue d'un deuxième homme «en lien» avec le suspect et deux des victimes, débutée jeudi, a elle été levée samedi en début de soirée. «Aucune charge (n'est) retenue» contre lui à ce stade, détaille le parquet.

Toujours selon cette source, les investigations ont permis de mettre en évidence un «lien» entre le suspect et «chacune des victimes dans un temps concomitant à leur disparition». Ce dernier fréquentait ces berges de Seine, où évoluent quelques pêcheurs mais aussi à certains endroits des personnes SDF comme l'a constaté vendredi un journaliste de l'AFP.

Des «constatations sur les lieux, l'exploitation des vidéoprotections (et) l'étude de la téléphonie» ont conduit les enquêteurs vers le suspect, «habituellement présent aux abords du lieu de découverte des corps», détaille ainsi le parquet. Il y avait déjà été interpellé le 5 août en possession de documents dont il n'était pas le titulaire et «laissé libre avec une convocation judiciaire pour recel».

En réalité, ces papiers appartiennent à la deuxième victime identifiée, «non encore portée disparue» à cette date, révèle le ministère public. Puis le 13 août, jour où de la macabre découverte, les premiers effectifs qui interviennent sur place le contrôlent. Le parquet ne précise pas si ce contrôle a donné lieu à une quelconque mesure le jour même.

Les marques d'une strangulation

Le suspect est connu de la justice toujours selon cette source pour un vol avec dégradation dans un véhicule en janvier pour lequel il devait être jugé en septembre, ainsi qu'un recel de vol en lien avec son interpellation du 5 août. Quant aux victimes, si l'enquête n'a pour l'instant pas permis d'établir qu'elles se connaissaient toutes, le ministère public indique qu'"un lien» existe entre chacune et le lieu de découverte des corps, non loin «d'un local technique abandonné fréquenté par des SDF».

Toutes ont progressivement été identifiées par comparaisons ADN. Deux des victimes, elles-mêmes sans-abri et disparues depuis fin juillet, un Algérien de 21 ans et un Tunisien de 26 ans, fréquentaient «régulièrement les abords» de l'endroit, explique le parquet.

Le premier corps identifié, un Français de 48 ans résident à Créteil disparu depuis le 11 août, «pouvait fréquenter les abords du lieu de découverte des corps, connus pour être un lieu de rencontres homosexuelles éphémères». Sur un site dédié au «cruising», nom qualifiant ces rencontres, un interlocuteur évoque sous couvert d'anonymat les alentours de la gare RER de la commune val-de-marnaise «le long des berges de la Seine» comme un endroit «intéressant».

La dernière victime, un Algérien de 21 ans domicilié à Choisy-le-Roi, avait disparu depuis le 7 août. Deux des corps retrouvés présentent des lésions «évocatrices d'une strangulation», un troisième une «trace suspecte dont l'origine ne pouvait pas être déterminée». Des examens complémentaires sont en cours pour déterminer la cause du décès des deux hommes.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus