Revers pour le président Lai Ching-te
Echec de la tentative de destituer 24 députés à Taïwan

Les électeurs taïwanais ont rejeté la destitution de 24 députés de l'opposition, infligeant un revers au parti du président Lai Ching-te. Ce résultat marque un coup dur pour les espoirs du Parti démocrate progressiste de prendre le contrôle du Parlement.
Publié: 26.07.2025 à 17:49 heures
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Les électeurs taïwanais se sont rendus dans les écoles, les églises et les centres communautaires le 26 juillet pour voter lors d'une élection de destitution à enjeux élevés qui pourrait donner au parti du président Lai Ching-te le contrôle du Parlement.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Les électeurs taïwanais se sont prononcés samedi contre la destitution de 24 députés de l'opposition, portant un coup dur au parti du président Lai Ching-te, qui défend la souveraineté de Taïwan face à Pékin, et à ses espoirs de prendre le contrôle du Parlement. Des organisations soutenues par le Parti démocrate progressiste (DPP) du chef de l'Etat cherchaient à révoquer au total 31 parlementaires du Kuomintang (KMT), formation majoritaire au Parlement, qu'ils accusent d'être favorables aux autorités chinoises et de constituer une menace sécuritaire.

La Chine revendique Taïwan en tant que partie de son territoire et n'exclut pas de recourir un jour à la force pour en prendre le contrôle. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote dans les 24 circonscriptions concernées, la Commission électorale centrale a annoncé qu'aucun des référendums révocatoires n'avait donné le résultat escompté par leurs instigateurs.

Le président Lai Ching-te a appelé à «accepter ces résultats» et à «avancer dans l'unité». Mais pour l'analyste politique Wen-Ti Sung, «l'ère hyper-partisane ne va pas s'arrêter de si tôt.» «Ca peut être pire avant de s'améliorer, si ça s'améliore», a-t-il estimé auprès de l'AFP, ajoutant que la Chine devrait se sentir «exaltée» par ces résultats.

Bataille pour le contrôle du Parlement

D'autres référendums révocatoires concernant sept autres députés du KMT auront lieu le 23 août. Le DPP a besoin du rappel d'au moins 12 élus du KMT pour obtenir le contrôle provisoire du Parlement. Le KMT rejette les accusations portées à son encontre mais insiste sur le fait que le dialogue avec la Chine est nécessaire pour garantir la paix de part et d'autre du détroit de Taïwan. Il a dénoncé ces référendums révocatoires, y voyant une manoeuvre du parti présidentiel pour lui dérober le contrôle du Parlement.

Détenant le pouvoir législatif avec le Parti populaire taïwanais (TPP), le KMT a cherché à entraver le programme du président Lai, élu en 2024, ce qui a abouti à des coupes budgétaires. «Que cette farce politique s'arrête ici», a réagi devant les journalistes le chef du KMT Eric Chu après l'annonce de la Commission électorale.

«Personne ne peut perdre une élection et ensuite procéder à une révocation brutale», a-t-il poursuivi, appelant le chef de l'Etat à «présenter des excuses sincères» et à «cesser de penser aux luttes politiques intestines». Le secrétaire général du DPP, Lin Yu-chang, a pour sa part assuré que son parti acceptait «humblement» les résultats. Il a insisté sur le fait que les votes de samedi ne pouvaient être «réduits à une victoire ou une défaite entre partis politiques».

«Vote de défiance envers le président»

M. Lee, qui n'a décliné que son patronyme, a voté contre les révocations. Les élus visés n'ont «commis aucun crime», assure-t-il, estimant que le DDP veut contrôler le Parlement. «Ce n'est pas ça, la démocratie». Jeremy Chen, médecin à la retraite de 54 ans, lui a dit ne pas être «satisfait» du travail des parlementaires visés par les référendums révocatoires, et être «également inquiet du discours en faveur de la Chine de certains députés». Pour James Yifan Chen, analyste politique à l'Université Tamkang, les Taïwanais sont «fatigués des luttes politiques autodestructrices et des purges».

Il considère que, même si ce n'est pas «nécessairement une victoire du KMT», il s'agit d'un «vote de défiance envers le président Lai». Taïwan est connu pour sa vie politique houleuse mais les analystes constatent que le climat s'est considérablement dégradé ces 18 derniers mois. Les deux principaux partis se sont affrontés avec virulence, le président du KMT comparant le gouvernement au régime nazi, tandis que le chef de l'Etat a dit vouloir «éliminer les impuretés» pour défendre la souveraineté de Taïwan.

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