Rendez-vous à Londres
Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens

Des discussions sur l'Ukraine impliquant les États-Unis, l'Europe et l'Ukraine ont eu lieu à Paris. Emmanuel Macron a salué une «discussion positive et constructive», soulignant l'importance de la coordination entre alliés. Une prochaine réunion est prévue à Londres.
Publié: 17.04.2025 à 22:26 heures
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Dernière mise à jour: 17.04.2025 à 22:40 heures
Marco Rubio a également été en contact avec le Kremlin par téléphone pour les informer de l'avancée des discussions.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix. Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une «discussion positive et constructive» sur l'Ukraine, estimant que «nous partageons tous la même volonté de paix», plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

«Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres», a-t-il précisé, estimant que «la coordination entre alliés est cruciale», alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations. «La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table» pour évoquer les pistes vers «une paix juste et durable», a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis «ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens», a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un «cessez-le-feu sans condition et immédiat».

Rubio a appelé Lavrov

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des discussions à Paris, avant même de s'exprimer sur les intenses échanges de la journée. Il a transmis le «même message» à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: «l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord».

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir «adopté la stratégie russe». Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Macron toujours aussi proche de Zelensky

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir «poursuivre la guerre» et a estimé que «de nombreux pays» tentaient de «perturber» le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington. C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris. Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s'est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l'issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions. Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire «pression» sur le Kremlin pour «mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable».

Trois rencontres entre les Américains et Poutine

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser. Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient «sur le point» de permettre des avancées. Parallèlement au rapprochement avec Moscou de l'administration Trump, Paris et Londres ont monté une «coalition des volontaires», composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une «force de réassurance» destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. «Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité», s'est borné à dire la présidence française. En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à «augmenter les dépenses militaires» et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, «la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe», selon le Pentagone.

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