Qu'est-ce qui motive le nouveau souverain pontife?
«Le pape Léon est d'un tout autre type que François»

En tant qu’évêque au Pérou, Robert Prevost allait à cheval à la rencontre des pauvres. Aujourd’hui pape, il entend se confronter aux défis posés par l’intelligence artificielle.
Publié: 11.05.2025 à 19:04 heures
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Où va l'Eglise catholique? Robert Prevost en tant qu'évêque au Pérou.
Photo: DR
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Raphael Rauch

Le cardinal Pietro Parolin, longtemps considéré comme le successeur pressenti de François, a fait l’expérience de l’adage bien connu: «Celui qui entre pape au conclave en sort cardinal.» Numéro deux du Vatican sous François, l’Italien n’a recueilli que 40 à 50 voix au premier tour selon la presse italienne – bien en dessous de la majorité des deux tiers (89 voix) nécessaire. Il n’a pas su transformer cet appui initial en victoire. A la place, c'est finalement Robert Prevost qui est devenu pape. Né aux Etats-Unis, mathématicien de formation et docteur en droit canon, il possède aussi la nationalité péruvienne depuis 2015. Membre de l’ordre des Augustins, il a été évêque au Pérou, où il était proche des plus démunis.

Samedi, Robert Prevost a expliqué pourquoi il avait choisi le nom de Léon XIV: «Avant tout parce que le pape Léon XIII, avec l'encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle», a déclaré le nouveau pape à propos de son modèle éponyme de la fin du 19e siècle. «Aujourd'hui, l'Eglise offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la protection de la dignité humaine, de la justice et du travail».

A 69 ans, Léon XIV est nettement plus jeune que ses prédécesseurs François et Benoît XVI, respectivement âgés de 76 et 78 ans au début de leur mandat. Il ne semble donc pas être un simple pape de transition.

Si Léon XIV a mentionné quatre fois François dans son discours de samedi, il s'est visuellement détaché de son prédécesseur: jeudi soir, le nouveau pape n'est pas entré dans la loggia de la basilique Saint-Pierre vêtu simplement de blanc comme François. Comme Jean-Paul II ou Benoît XVI, il a choisi la mozetta – un châle rouge sur les épaules – et l'étole papale.

A cheval vers les pauvres

Les médias latino-américains en particulier le célèbrent comme leur pape, qui a fait siennes les préoccupations des pauvres, s'est rendu à cheval dans des régions reculées de son diocèse et a visité un quartier pauvre en bottes de caoutchouc après des inondations dévastatrices. Les croyants qui défendent les causes de la réforme rappellent que Prevost a encouragé les femmes au sein de la curie.

En Suisse, son nom était peu connu du grand public. Mais en tant que «ministre des évêques», il s’était déjà fait remarquer. Il avait notamment critiqué certains évêques suisses pour leur gestion de scandales d’abus, tout en maintenant en poste l’abbé Jean Scarcella, pourtant accusé d’attouchements sur un mineur.

Le prêtre américain James Martin a travaillé deux semaines aux côtés de Prevost dans le cadre d’un groupe de réflexion. James Martin s'engage pour les causes LGBTQIA+: «François a fait plus pour les personnes LGBTQ que tous ses prédécesseurs réunis», analyse James Martin dans un entretien accordé à Blick. Selon lui, le nouveau pape diffère de François dans son approche: «Il est ouvert au dialogue, à l'écoute, à la discussion.» Mais contrairement à François, Léon XIV serait plutôt réservé. James Martin s'attend à ce qu'il continue sur la trajectoire de François, mais qu'il soit «plus précis»: «Le pape François était un pasteur, pas un spécialiste du droit canon. Il était plus spontané, le pape Léon est d'un tout autre type que François.»

En Suisse, le cardinal Kurt Koch a déclaré vendredi à Rome qu’il pensait que Léon XIV chercherait à trouver un consensus global dans la question controversée des bénédictions pour les couples homosexuels. Jusqu’ici, aucune position commune n’a pu être trouvée, notamment à cause de l’opposition farouche de plusieurs conférences épiscopales africaines.

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