Vendredi, le président russe Vladimir Poutine s’est présenté en compagnie de mères de soldats au Kremlin. Face aux caméras, il leur a assuré partager la «douleur» de celles dont les fils ont été tués en Ukraine. Le président russe en a profité pour s’en prendre aux «ennemis dans le champ informationnel» qui cherchent selon lui à «dévaluer, discréditer» l’offensive russe en Ukraine. «Nous devons atteindre nos objectifs, et nous allons les atteindre», a-t-il assené.
Mais il s’avérerait qu’au moins sept des 17 femmes ont pu être identifiées par le média d’opposition Mozhem Obyasnit: elles ne seraient pas des mères en deuil, mais des fonctionnaires et des politiciennes fidèles au gouvernement. Le média Nexta est arrivé à la même conclusion.
Selon l’enquête, la femme assise à la gauche de Vladimir Poutine est Olesya Shigina. Elle est réalisatrice de films patriotiques et membre de la Chambre du peuple de la grande ville russe d’Orekhovo-Zouïevo. La septième personne démasquée est une collaboratrice d’une organisation nationaliste qui collecte des fonds pour les soldats mobilisés.
Des femmes proches du pouvoir
Sur les images, l’on retrouve également Sharadat Aguewam originaire de Tchétchénie. Ses fils sont bien au front en Ukraine. Mais ils ne sont pas de simples soldats. L’un est commandant d’un bataillon, l’autre chef d’un département de police en Tchétchénie. Ce dernier est proche du «limier» de Poutine, le chef tchétchène Ramzan Kadyrov.
Deux autres de ces mères de combattants sont respectivement une députée moscovite pour le parti au pouvoir et haut placée du Front populaire panrusse, un mouvement créé par Poutine. Irina Tas-ool, directrice du département de la famille, de la jeunesse et des sports dans l’administration du district de Kaa-Khem de la province de Touva, fait également partie de la liste. Il est même probable que ces femmes n’aient pas de fils.
Lors de la rencontre, Vladimir Poutine a rappelé que la Russie célébrait la fête des mères dimanche. Il comprend toutefois qu’étant donné que leurs fils se trouvent actuellement dans la «zone d’opération militaire spéciale», les mères ressentent plutôt un sentiment d’inquiétude. Jeudi, des organisations de mères de soldats avaient déploré que leurs représentantes n’aient pas été invitées à cette réunion et que l’on ait choisi à la place des femmes «bien briefées».