Echange avec Zelensky
«L'Ukraine est prête à se battre encore deux ou trois ans», prévient Donald Tusk

Dans une interview, le Premier ministre polonais Donald Tusk prévient que la guerre en Ukraine pourrait durer encore plusieurs années. Il accuse l’Europe d’illusions dangereuses face à la Russie et appelle à se préparer à une ère de rapports de force.
Publié: 27.10.2025 à 06:42 heures
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Dernière mise à jour: 27.10.2025 à 07:35 heures
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Donald Tusk (dr.) s'est entretenu par téléphone avec Volodymy Zelensky.
Photo: NurPhoto via Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

L’Ukraine refuse de s’avouer vaincue. Dans une interview accordée au «Sunday Times» samedi 25 octobre, le Premier ministre polonais Donald Tusk affirme que le pays de Volodymyr Zelensky est prêt à combattre la Russie encore «deux ou trois ans». Selon lui, les pressions de Donald Trump pour un accord de paix n’ont pas entamé la détermination du président ukrainien, décidée à poursuivre la lutte. Une déclaration fondée sur un récent échange téléphonique entre les deux dirigeants.

Kiev ne souhaite toutefois pas laisser le conflit s’enliser: «Le président Zelensky m’a dit jeudi qu’il espérait que la guerre ne durerait pas dix ans.» Tusk se montre confiant quant à l’issue: «Je n’ai aucun doute que l’Ukraine survivra en tant qu’Etat indépendant», tout en s’interrogeant sur «le nombre de victimes» à venir.

La Russie sous pression, mais dangereuse

Selon Tusk, l’économie russe «n’a aucune chance de survie» dans une guerre de longue durée. Il insiste sur le coup «dramatique» porté à l'économie nationale à la suite des sanctions pétrolières imposées par Trump à la Russie. Pour autant, l’Europe ne doit pas crier victoire. «Absolument pas», tranche-t-il.

«Les Russes ont un avantage majeur face à l'Occident, et à l'Europe en particulier: ils sont prêts à se battre… en temps de guerre, c'est la question cruciale.» Le dirigeant met également en garde le Royaume-Uni, qu’il juge victime d’une «douce illusion» s’il pense être épargné en cas d’affrontement entre Moscou et l’OTAN. «La menace est mondiale, surtout à cause de la technologie», prévient-il.

Donald Tusk se dit impatient face à des dirigeants européens qu’il accuse de complaisance et d’attachement à un ordre juridique international en déclin. Pour lui, le continent aborde trop tard une période où la politique redevient affaire de force, de frontières et de rapports de puissance. «Nous parlons de la fin de l’ère des illusions en Europe — trop tard, j’en ai peur. Trop tard pour bien se préparer à toutes les menaces, mais pas trop tard pour survivre.»

Poutine, un «homme ordinaire»

Le Premier ministre polonais regrette par ailleurs la fascination qu’a longtemps exercée Vladimir Poutine sur certains dirigeants occidentaux. George W. Bush, disait par exemple avoir perçu son âme «directe et digne de confiance», ou l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, qui le qualifiait de «démocrate irréprochable».

Donald Tusk, lui, se montre cinglant: « Ne croyez pas que Poutine soit une personnalité extraordinaire, un magicien, un magnétiseur ou un charismatique. Ne croyez pas que Poutine soit un magicien ou un charismatique. C'est quelqu'un d'extrêmement ordinaire et simple. Les conversations avec lui ne sont pas intéressantes. [Il a] une façon de penser très simple, et la question est toujours de savoir qui a le plus de pouvoir et qui est prêt à l'utiliser contre son adversaire.»

Pour lui, la vision du chef du Kremlin se résume au rapport de force. Et une paix durable, juge-t-il, ne pourra émerger qu’à la faveur d’un changement radical en Russie. Une chose est sûre, dans cette ère de rapports de force, l’Europe n’a plus le luxe de se laisser bercer d’illusions.

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