Des armes de la terreur
Des ados de 15 ans font tourner les usines de drones kamikazes de Poutine

En Russie, des adolescents de 15 ans travaillent dans une usine de drones suicides. A Ielabouga, ils participent à la production massive des Geran-2, utilisés pour frapper l’Ukraine. Le Kremlin, loin de s’en cacher, en fait même la promotion.
Publié: 12:08 heures
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Dernière mise à jour: 12:22 heures
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L'usine de Yelabuga, à 1000 kilomètres à l'est de Moscou, emploie des mineurs pour construire des drones kamikazes.
Photo: X/NOELreports
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Solène MonneyJournaliste Blick

A 15 ans, dans la plupart des pays, on ne peut ni voter, ni boire d’alcool, ni devenir soldat. Mais en Russie, à cet âge-là, on peut déjà assembler des drones suicides. Exit l’insouciance de l’adolescence, dans le pays de Vladimir Poutine, des mineurs sont enrôlés pour faire tourner à plein régime l’industrie de l’armement.

Et loin de s’en cacher, le Kremlin en est fier. La chaîne du ministère russe de la Défense a diffusé des images de l’usine de Ielabouga, ville de la république du Tatarstan dans laquelle on retrouve la plus grande usine de drones au monde. Les images montrent des jeunes en file sur les lignes de montage, rapporte le «Telegraph» dimanche 20 juillet.

Des ados aux manettes

L’objectif? Produire en masse les drones Geran-2, version russe et bon marché du Shahed-136 iranien, pour submerger les défenses aériennes ukrainiennes. Avec leurs 3,5 mètres de long, ces engins transportent une charge explosive de 50 kilos et s’écrasent sur leurs cibles, semant la terreur dans les villes ukrainiennes, surtout la nuit.

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«Partout où vous regardez, il y a des jeunes qui travaillent ici», commente la voix off de la vidéo officielle, tandis que la caméra filme des adolescents fabriquant des pièces détachées ou travaillant sur des ordinateurs. La plupart viennent d’un collège technique voisin, invités à rejoindre l’usine dès la fin de la scolarité obligatoire, à 15 ans.

Pilonner l'Ukraine

La Russie affirme produire plus de 5000 drones longue portée par mois. A Ielabouga, 18’000 unités auraient été fabriquées au premier semestre 2025. En mai, la production aurait bondi de 17%. Et la cadence ne faiblit pas.

Chaque nuit, plus de 500 drones et missiles sont tirés sur l’Ukraine. Le 9 juillet, un record a été atteint: 741 projectiles lancés en une seule nuit. Selon des analystes, le Kremlin serait désormais proche de pouvoir frapper quotidiennement avec plus de 1000 drones, voire 2000 à terme. Derrière cette stratégie de pilonnage massif, Vladimir Poutine chercherait à épuiser les défenses de Kiev, briser le moral de la population, et pousser les pays occidentaux à relâcher leur soutien à Volodymyr Zelensky.

Une défense occidentale coûteuse

Côté ukrainien, les systèmes d’interception fournis par l’Occident sont redoutables, mais très coûteux. Un missile Patriot, par exemple, dépasse les 4 millions de francs. A l’inverse, un drone Geran-2 coûte entre 28'000 et 40'000 francs. Face à cet écart, des experts militaires appellent à développer des contre-mesures plus abordables pour rester dans une logique de défense soutenable.

Le site de Ielabouga, situé à plus de 1000 km de l’Ukraine, semble avoir les faveurs du président russe. Poutine aurait salué son modèle, qu’il souhaiterait répliquer à travers tout le pays, afin de réduire la dépendance aux composants étrangers. Ce n'est donc sûrement pas demain que des ados retourneront sur les bancs de l'école, une place plus adaptée pour des mineurs de 15 ans.

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