«Nous allons aller en Russie, c'est une grande chose!» Voici ce qu'a affirmé le président américain Donald Trump lors d'une conférence de presse ce lundi. Or, ce n'est pas sur le territoire russe que la rencontre s'effectuera, mais bien en Alaska qui, malgré son passé tsariste, est un Etat 100% américain.
Ce lieu confère néanmoins au sommet une dimension historique. En effet, ce sera la première fois qu'un président russe se rendra en Alaska. Et d'ailleurs, pourquoi les deux présidents se rencontrent-ils justement là-bas, et pas à la Maison Blanche?
Une certaine proximité géographique
La frontière de l'Etat russe se trouve à peine à un jet de pierre de l'Alaska. L'ancienne gouverneure de l'Etat, Sarah Palin, avait déclaré en 2008: «Ce sont nos voisins d'à côté, et on peut effectivement voir la Russie depuis l'Alaska.» C'est évidemment une image. Cependant, l'île russe de Ratmanov et la Petite Diomède, appartenant aux Etats-Unis, ne sont distantes que de quatre kilomètres environ.
L'armée américaine signale néanmoins régulièrement que des avions de combat russes s'approchent de l'espace aérien américain dans la région. Une reconquête du territoire autrefois russe ne semble toutefois pas être à l'ordre du jour. Poutine a même déclaré en 2014 que l'Alaska était «trop froid».
Sur les traces des ancêtres
Le passé russe de l'Alaska remonte au 18e siècle. En 1728, l'explorateur danois Vitus Bering a navigué à travers l'étroit détroit entre l'Asie et l'Amérique pour le compte de la Russie tsariste. Cela a conduit à la découverte de l'Alaska pour l'Occident, alors que des peuples indigènes y vivaient déjà depuis des millénaires. Par la suite, une colonie russe s'est établie sur l'île de Kodiak.
L'exploitation infructueuse des populations de phoques et de loutres de mer a toutefois entraîné le déclin économique des colonies. Finalement, l'empire russe a vendu le territoire aux Etats-Unis en 1867 pour 7,2 millions de dollars, ce qui correspond à un prix d'achat actuel de près de 160 millions de dollars (environ 129 millions de francs). Une véritable aubaine au vu des immenses gisements de pétrole et de gaz.
Eglise et langue orthodoxes
Malgré la vente il y a plus de 150 ans, les influences russes sont encore visibles aujourd'hui en Alaska, notamment lorsqu'on se penche sur l'influence encore palpable de l'Eglise orthodoxe. Comme l'écrit «France 24», il y a plus de 35 lieux de culte de cette religion le long de la côte de l'Alaska.
Des traces linguistiques de l'héritage russe ont également longtemps perduré. Un dialecte local composé de mots russes et indigènes a survécu pendant des décennies au sein de certaines communautés, mais il a aujourd'hui largement disparu.