Claque pour le gouvernement pro-UE
En Pologne, le candidat nationaliste remporte la présidentielle

Le candidat nationaliste Karol Nawrocki a officiellement remporté l’élection présidentielle de dimanche, en recueillant 50,89%, contre 49,11 à son rival pro UE Rafal Trzaskowski. Ce dernier était soutenu par le gouvernement, lequel essuie ainsi un revers cinglant.
Publié: 02.06.2025 à 06:30 heures
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Dernière mise à jour: 02.06.2025 à 08:17 heures
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Le candidat nationaliste Karol Nawrocki arrive en tête de l’élection présidentielle en Pologne, selon une estimation.
Photo: Anadolu via Getty Images
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AFP Agence France-Presse

Le candidat nationaliste Karol Nawrocki a remporté l'élection présidentielle polonaise contre le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, selon les résultats officiels publiés lundi, infligeant un coup majeur au gouvernement pro-européen du pays. Selon les données de la commission électorale nationale, Karol Nawrocki a remporté 50,89% des voix contre 49,11% pour Rafal Trzaskowski lors du second tour de l'élection de dimanche, dont les résultats mettent en évidence la polarisation dans le pays membre de l'OTAN et de l'UE.

La victoire de cet historien nationaliste, spécialiste du monde criminel et admirateur du président américain Donald Trump, risque de bloquer le programme progressiste du gouvernement, concernant notamment l’avortement et les droits LGBT+. Elle pourrait aussi raviver les tensions avec Bruxelles sur les questions d’Etat de droit.

Trump à Nawrocki: «Tu vas gagner»

Elle pourrait également compromettre les liens étroits avec l’Ukraine voisine, car Karol Nawrocki critique les plans d’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN. Il souhaite en outre réduire les avantages pour les réfugiés ukrainiens. Karol Nawrocki s’est rendu à la Maison-Blanche pendant sa campagne électorale et a affirmé que Donald Trump lui avait dit : «Tu vas gagner.» 

La secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a également soutenu Karol Nawrocki lors d’une réunion de la sphère conservatrice en Pologne la semaine dernière, déclarant : «Il doit être le prochain président.» La première estimation donnait gagnant le maire pro-UE de Varsovie, Rafal Trzaskowski, d’une courte tête, à 50,3 % des suffrages. C’était avant que de nouvelles estimations ne se révèlent favorables à son adversaire. Les deux candidats ont revendiqué la victoire. 

«Cette nuit, nous allons gagner, nous gagnerons et sauverons la Pologne», a assuré Karol Nawrocki à ses partisans. «Nous ne permettrons pas que [le Premier ministre] Donald Tusk ait […] le monopole du pouvoir.» «Une nuit blanche nous attend», a déclaré à l’AFP Dorota Loboda, députée de la coalition civique au pouvoir, ajoutant qu’elle passerait la nuit à vérifier les résultats de la commission électorale.

Influence du président limitée, mais décisive

Les présidents polonais exercent une certaine influence sur la politique étrangère et de défense de leur pays. Ils disposent surtout d’un pouvoir de veto au niveau législatif, qui ne peut être annulé que par une majorité des trois cinquièmes au Parlement, ce dont ne dispose pas le gouvernement en place. Les réformes prévues par le Premier ministre Donald Tusk, ex-président du Conseil européen arrivé au pouvoir en 2023, ont été bloquées en raison de l’impasse avec l’actuel président nationaliste en exercice, Andrzej Duda.

De nombreux partisans de Karol Nawrocki souhaitent davantage de restrictions en matière d’immigration et une souveraineté accrue de la Pologne au sein de l’Union européenne. «Les valeurs catholiques sont importantes pour moi. Je sais qu’il les partage», a déclaré à l’AFP Lila Chojecka, une retraitée de Varsovie, votant pour Karol Nawrocki.

«Choc des civilisations»

Les électeurs de Rafal Trzaskowski soutiennent plutôt une intégration accrue au sein de l’UE et une accélération des réformes sociales. Le maire de Varsovie prône l’introduction des partenariats civils, y compris pour les couples de même sexe, ainsi que l’assouplissement de l’interdiction quasi totale de l’avortement en Pologne.

Anna Materska-Sosnowska, analyste politique, a qualifié l’élection de «véritable choc de civilisations» en raison des importantes divergences de politiques entre les candidats. Une victoire de Karol Nawrocki renforcerait le parti populiste Droit et Justice (PiS), qui a gouverné la Pologne entre 2015 et 2023, et pourrait entraîner de nouvelles élections législatives.

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