Offerte à l'Ukraine par les États-Unis
Une appli (très) controversée pour identifier les visages russes

Face au conflit en Ukraine, la société américaine Clearview AI a décidé d’offrir son logiciel controversé de reconnaissance faciale au ministère de la Défense ukrainien. L'application est interdite dans beaucoup de pays à travers le globe.
Publié: 15.03.2022 à 20:28 heures
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Dernière mise à jour: 16.03.2022 à 12:30 heures
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Beaucoup de pays ont déjà interdit l'utilisation de cette technologie son leur sol. En Italie par exemple, Clearview AI a écopé d'une amande de 20,4 millions de francs.
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Le principe est aussi simple que problématique: Clearview AI est un logiciel de reconnaissance faciale, dont le principe fondamental bafoue toute protection de la vie privée, car il utilise l’immense base de données de vidéos et de photos accessibles publiquement sur Internet pour identifier des personnes.

Beaucoup de pays ont déjà interdit l'utilisation de cette technologie sur leur sol. En Italie par exemple, Clearview AI a écopé d'une amande de 20,4 millions de francs pour avoir instauré la «surveillance biométrique de personnes se trouvant sur le territoire italien», selon RTS Info. Des sanctions similaires ont été prises en Suède, en France et au Québec, par exemple.

Une arme de guerre?

Mais en Ukraine, en temps de guerre, ce logiciel reçoit un meilleur accueil, indique le site jeuxvideo.com. Depuis le samedi 12 mars, les autorités du pays se formeraient à son utilisation. La start-up américaine qui est à l’origine du projet l’aurait offert au ministère de la Défense ukrainien.

Si les autorités ukrainiennes ont accepté l’aide de Clearview AI, elles n’ont pas communiqué publiquement sur la manière dont elles comptaient utiliser cette technologie. Mais il est évident que, dans ce contexte, l'outil devrait servir à reconnaître et identifier les visages des assaillants russes qui prennent part au conflit actuel. Mais aussi à détecter ceux qui chercheraient à passer les points de contrôle en toute discrétion, pour espionner par exemple.

L'autre utilité probable est l’identification des corps de soldats tombés au combat et des civils. L’emploi de l'appli à cet effet serait même parfois plus rapide et plus fiable que la vérification des empreintes digitales, explique Hoan Ton-That, directeur général de Clearview AI, à l'agence Reuters.

Des risques d'erreurs sans garde-fou

L’utilisation d’une telle technologie en temps de guerre pose beaucoup de questions. Notamment en ce qui concerne les risques d’erreur et les conséquences que pourrait entraîner une mauvaise identification: l'on s'imagine aisément les drames qui pourraient découler d'une méprise...

Hoan Ton-That se défend: Clearview ne devrait pas être utilisée seule pour identifier une personne avec certitude. En Ukraine, les autorités suivraient une formation pour utiliser le logiciel avec précaution. Mais aucun organe de contrôle national ni international précisément prévu à cet effet n'existe pour l'heure. Malgré les nombreuses protestations des groupes de protection de la vie privée à travers toute l'Europe.

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