L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne prévoient de tenir la semaine prochaine de nouvelles discussions avec l'Iran sur son programme nucléaire, les premières depuis les bombardements américains et israéliens en juin, a indiqué dimanche une source diplomatique allemande.
«Les E3 (France, Royaume-Uni, Allemagne, ndlr) sont en contact avec l'Iran pour programmer de nouvelles discussions pour la semaine à venir», a indiqué la source diplomatique allemande. Berlin, Londres et Paris «continuent de travailler intensivement au sein du format E3 pour trouver une solution diplomatique durable et vérifiable au programme nucléaire iranien», a-t-elle ajouté.
Selon l'agence de presse iranienne Tasnim, citant une source anonyme, Téhéran a accepté de tenir des discussions avec les trois pays européens. Des consultations sont en cours concernant la date et le lieu des pourparlers, toujours selon Tasnim.
«L'Iran a montré qu'il était capable de faire échec (aux attaques) mais a toujours été prêt à une diplomatie réelle, réciproque et de bonne foi», a de son côté écrit dimanche sur X le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
La dernière rencontre s'était tenue juste avant les bombardements américains
L'Iran est soupçonné par les pays occidentaux et par Israël de vouloir se doter de la bombe atomique, ce qu'il dément en soulignant son droit à poursuivre un programme nucléaire à des fins civiles.
Le 13 juin, Israël avait lancé une attaque surprise en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire. Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en frappant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.
Depuis ces frappes ordonnées par le président américain Donald Trump, les discussions sont suspendues. La dernière réunion au format prévu la semaine prochaine, entre des représentants des E3 et de l'Iran, s'était tenue le 21 juin à Genève, quelques heures avant les bombardements américains.
Rencontre au Kremlin
Parallèlement, le président russe Vladimir Poutine a reçu dimanche au Kremlin Ali Larijani, proche conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, pour évoquer le dossier nucléaire. Ali Larijani «a transmis des évaluations de la situation qui s'aggrave au Moyen-Orient et concernant le programme nucléaire iranien», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Vladimir Poutine a exprimé les «positions bien connues de la Russie sur la manière de stabiliser la situation dans la région et sur le règlement politique du programme nucléaire iranien», a-t-il ajouté. Cette rencontre à Moscou n'avait pas été annoncée au préalable.
La Russie entretient de bonnes relations avec l'Iran, considéré comme son principal allié au Moyen-Orient, mais n'a pas soutenu avec force Téhéran lors de sa récente guerre avec Israël, ni après les frappes américaines sur des sites nucléaires.
La semaine dernière, Moscou a fustigé un article du média américain Axios selon lequel Poutine aurait «encouragé» l'Iran à accepter un accord avec Washington qui empêcherait Téhéran d'enrichir de l'uranium.
L'Europe menace l'Iran de sanctions
L'Iran, plusieurs puissances occidentales, ainsi que la Chine et la Russie avaient trouvé en 2015 un accord qui prévoyait l'instauration de restrictions importantes au programme nucléaire iranien en échange de la levée de sanctions visant le pays. Mais les Etats-Unis étaient sorti en 2018 de cet accord longuement négocié, lors du premier mandat de Donald Trump qui avait réimposé des sanctions.
Téhéran et Washington avaient tenu plusieurs séries de négociations sur le nucléaire par l'intermédiaire de médiateurs omanais avant qu'Israël ne lance sa guerre de 12 jours contre l'Iran.
Récemment, des pays européens ont pour leur part menacé de déclencher le mécanisme de «snap-back» inscrit dans l'accord de 2015 et qui prévoit d'imposer des sanctions si l'Iran manque à ses engagements.
Un accord «nul» pour l'Iran
Le chef de la diplomatie iranienne a eu un entretien téléphonique la semaine dernière avec ses homologues britannique, français et allemand, ainsi qu'avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas.
Lors de cet appel, les diplomates européens ont fait part à Abbas Araghchi de «leur détermination à utiliser le mécanisme de 'snap-back', en l'absence de progrès concrets» vers un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien. Le ministre iranien, qui avait dès vendredi dénié tout fondement «moral ou légal» à cette menace, est revenu sur ce sujet dimanche sur X.
Abbas Araghchi a estimé que «par leurs actions et leurs déclarations, notamment en apportant un soutien politique et matériel à la récente agression militaire illégale du régime israélien et des Etats-Unis», Berlin, Londres et Paris avaient «renoncé à leur rôle de 'participants'» à l'accord de 2015. Ce qui rend selon lui «nulle et non avenue toute tentative de rétablir les résolutions caduques du Conseil de sécurité de l'ONU».