Le gouvernement israélien est sans pitié: il traque le Hamas avec toute la brutalité possible et inimaginable. Sauf que depuis le lancement de l'opération «Gideon's Chariot» (Chariots de Gédéon) vendredi, ce sont les civils qui paient le prix fort. Depuis le 7 octobre, près de 53'000 personnes ont été tuées – dont au moins 300 depuis vendredi déjà.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses ministres d'extrême droite ont tenu un discours radical sur la bande de Gaza. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, notamment, a dit vouloir «détruire totalement» ce territoire palestinien. Des propos extrêmes qui ont provoqué une onde de choc à l'international.
Initialement, l’offensive israélienne avait pu susciter une forme de compréhension auprès d'une partie de la population, avec le but de libérer les otages et de punir les auteurs des attaques du 7 octobre. Mais la campagne militaire, devenue impitoyable, a surtout entraîné des destructions massives – environ 70% des bâtiments de Gaza seraient détruits ou gravement endommagés – et un nombre de morts de civils effrayant.
Cette évolution a contribué à un basculement de l’opinion publique mondiale, nourrissant une hostilité croissante envers Israël. Cela a notamment mené à des protestations lors de l'Eurovision à Bâle, comme du chanteur suisse Nemo, vainqueur de la compétition l'année dernière.
Révolte contre Benjamin Netanyahu
Il faut toutefois noter que des milliers d'Israéliens descendent régulièrement dans la rue pour manifester contre les atrocités commises par le gouvernement national-conservateur de leur pays. Les proches des otages réclament par exemple une modération ou un arrêt des combats. Ils craignent que l'agression continuelle ne mette en danger la vie de leurs proches.
Ces quatre ministres sont particulièrement sous le feu des critiques:
Benjamin Netanyahu, Premier ministre: Un nationaliste de la droite dure, qui dépend du soutien des extrêmes.
Itamar Ben-Gvir, ministre de la Police: Un membre de l'extrême droite, qui empêche tout cessez-le-feu et négociations avec le Hamas.
Bezalel Smotrich, ministre des Finances: Un membre d'extrême droite, qui préférerait que les Palestiniens «meurent de faim et de soif».
Israël Katz, ministre de la Défense: Un conservateur de droite dure, qui est un fidèle allié de Netanyahu.
Sourd aux critiques – y compris celles de son allié américain de l'époque, Joe Biden, qui avait pourtant appelé Israël à faire preuve de retenue – le gouvernement israélien poursuit sa campagne militaire avec une détermination implacable. L’opération «Chariots de Gédéon» vise non seulement à anéantir le Hamas, mais également à prendre le contrôle total de la bande de Gaza, comme l’a affirmé Benjamin Netanyahu lundi.
Une «concentration» des Palestiniens
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a livré sa brutale vision sur Gaza: il souhaite que les quelque 2,2 millions de Palestiniens soient «concentrés» d'ici à six mois sur une étroite bande de terre au sud, tandis que le reste de la bande de Gaza soit «totalement détruite». L'idée de «concentration» a d'ailleurs une lourde portée historique après le massacre des Juifs dans des camps lors de la Seconde Guerre mondiale.
Egalement partisan de l'annexion de la Cisjordanie, Bezalel Smotrich est vivement critiqué par l'Union européenne (UE) et les organisations de défense des droits humains pour ses déclarations. Des critiques qui viennent même au sein d'Israël: les familles des otages accusent le gouvernement de sacrifier la vie de leurs proches au profit d’intérêts politiques et territoriaux.
Une experte parle de génocide
Pour Nancy Okail, présidente et PDG du Center for International Policy (Centre de politique internationale) à Washington D.C., les plans de Benjamin Netanyahu ont définitivement «franchi le seuil du génocide». Elle considère que les Etats-Unis ont également leur part de responsabilité dans la situation en Palestine. «La planification d'un tel crime contre l'humanité a été rendue possible par l'échec presque total de la communauté internationale. En particulier des Etats-Unis et d'autres importants fournisseurs d'armes», estime-t-elle dans une déclaration.
Elle exige des mesures urgentes. «Les Etats-Unis et les autres fournisseurs d'armes devraient urgemment respecter le droit national et international, et arrêter de livrer des armes à Israël.» Des actions juridiques contre des hauts dirigeants israéliens et des sanctions contre Israël devraient aussi être envisagées.
Il y a toutefois une mince lueur d'espoir. Après un blocage qui a duré près de trois mois, le gouvernement israélien a fini par donner le feu vert à la livraison de l'aide humanitaire lundi. Pour le président d'Israël Isaac Herzog, c'est le signe que «nous pouvons conserver notre humanité dans cette tragédie».