Affrontements avec la police
Les manifestations au Népal contre le blocage des réseaux sociaux ont fait au moins 16 morts

La capitale népalaise Katmandou est secouée par des violences meurtrières. Une manifestation contre la censure des réseaux sociaux et la corruption a fait au moins 16 morts et des centaines de blessés lors d'affrontements avec la police.
Publié: 08.09.2025 à 13:36 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2025 à 14:02 heures
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Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer la décision du gouvernement de bloquer des réseaux sociaux.
Photo: Anadolu via Getty Images
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AFP Agence France-Presse

Au moins 16 personnes ont été tuées et une centaine blessées lundi dans la capitale népalaise Katmandou, lorsque la police a dispersé une manifestation contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement.

«Seize personnes sont malheureusement décédées selon un décompte réalisé auprès des hôpitaux. Une centaine d'autres ont été hospitalisées, dont des policiers», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police de la capitale, Shekhar Khanal.

Pénétré dans une zone «interdite»

Les forces de l'ordre sont intervenues lorsqu'une foule de plusieurs milliers de personnes s'est rapprochée du Parlement, dont elles avaient bloqué l'accès, ont constaté des journalistes de l'AFP. Certains manifestants ont alors tenté de franchir le cordon de sécurité mis en place par la police.

«Nous avons utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau quand les manifestants ont pénétré dans la zone interdite», a confirmé auprès de l'AFP un porte-parole de la police, Shekhar Khanal.

Des centaines de blessés

Au moins trois des victimes ont succombé à leurs blessures à l'Hôpital civil de Katmanadou tout proche, qui a accueilli plus de 150 blessés, selon une porte-parole, Ranjana Ranjana Nepal.

«Je n'ai jamais un tel chaos à l'hôpital», a-t-il décrit à l'AFP. «Les gaz lacrymogènes se sont diffusés dans les locaux et ont rendu le travail des médecins difficile.»

Réseaux sociaux bloqués

Le ministère népalais de la Communication et des Technologies de l'information a annoncé jeudi avoir ordonné le blocage de 26 plateformes, dont Facebook, Youtube, X et Linkedin, qui ne se sont pas enregistrées auprès de lui dans les délais. En application d'un arrêt rendu en 2023 par la Cour suprême, le ministère exige qu'elles nomment un représentant local et une personne chargée de la régulation de leurs contenus.

Cette décision, qui continuait lundi à perturber de nombreuses activités, a convaincu de nombreux usagers en colère à descendre dans la rue. Les manifestants se sont rassemblés dans la matinée dans la capitale en brandissant des drapeaux nationaux et en chantant l'hymne national, avant de lancer des slogans hostiles au gouvernement du Premier ministre KP Sharma Oli.

«Nous sommes là pour dénoncer le blocage des réseaux sociaux mais ce n'est notre seule motivation», a déclaré à l'AFP un étudiant, Yujan Rajbhandari, 24 ans, «nous dénonçons aussi la corruption institutionnalisée au Népal». «Cette décision traduit les pratiques autoritaires du gouvernement et nous voulons que ça change», a renchéri un autre, Ikshama Tumrok, 20 ans.

Liberté bafouée

Depuis l'entrée en vigueur du blocage, les plateformes encore en service, comme TikTok, sont inondées de vidéos mettant en cause la vie luxueuse des enfants de responsables politiques.

«Il y a eu des mobilisations contre la corruption partout dans le monde, ils (nos dirigeants, ndlr) redoutent qu'il en soit de même ici», a commenté un autre protestataire, Bhumika Bharati.

Dans une déclaration publiée dimanche, le gouvernement a démenti vouloir grignoter les libertés de pensée et d'expression et affirmé que sa décision visait à créer «un environnement destiné à leur protection et à leur libre exercice». Il a répété que le fonctionnement des plateformes visées serait rétabli sitôt le dépôt d'une demande d'enregistrement de leur part.

Le blocage décrété jeudi n'est pas inédit. En juillet dernier ainsi, le gouvernement népalais avait suspendu la messagerie Telegram en raison, selon lui, d'une hausse des fraudes en ligne.

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