Les Etats-Unis et l'Ukraine font état de discussions «productives» à Genève sur le plan de paix de Donald Trump. Dimanche soir, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andreï Yermak ont répété que «le dernier mot» reviendrait à leurs dirigeants. «C'est probablement la rencontre la plus productive et la plus significative depuis le début de ce processus», a affirmé l'Américain dans une courte déclaration à la presse. Le plan Trump de 28 points est disséqué point par point.
Mais le secrétaire d'Etat a admis qu'il restait «encore du travail». De son côté, Andreï Yermak, qui avait affirmé être venu dans «un état d'esprit constructif», considère également que le dialogue a été «productif». Les deux responsables ont promis de revenir plus tard dans la soirée devant la presse, mais l'Ukrainien a laissé entendre qu'il faudrait poursuivre les contacts ces prochains jours. Les deux délégations s'étaient déjà vues de manière moins formelle, a affirmé à Keystone-ATS un responsable américain. Il parle d'un dialogue «concluant dans certains domaines».
«Il est entendu que les propositions américaines pourraient inclure un certain nombre d'éléments établis sur les perspectives ukrainiennes», avait dit auparavant le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux après les premières discussions du jour. Mais cet optimisme a semblé ensuite être douché par une déclaration de Donald Trump qui a reproché à nouveau à Kiev son manque de «gratitude».
Rejeté par Kiev
Samedi, un responsable américain avait indiqué que «l'objectif est d'obtenir le meilleur accord» pour l'Ukraine auprès des Russes. Et d'aboutir à une solution qui puisse être sur la table des présidents américain et ukrainien rapidement. Donald Trump a dévoilé cette semaine un plan de paix considéré comme reprenant largement les revendications de Moscou. Celui-ci prévoit notamment l'abandon par Kiev des territoires de l'Est du pays conquis par les soldats russes et de la Crimée, sous la coupe russe depuis plus de dix ans. L'Ukraine devrait également diminuer de moitié la taille de son armée, s'engager à ne pas rejoindre l'OTAN et organiser rapidement des élections.
Zelensky avait rejeté ce plan. Il avait affirmé qu'il ne «trahira jamais» son «serment de fidélité à l'Ukraine». Et il avait promis de proposer des amendements et qu'il tenterait de convaincre les Etats-Unis. Dimanche, les Ukrainiens ont aussi rencontré à Genève les conseillers à la sécurité nationale britannique, français et allemand. Les Européens rejettent toute cession de territoire par l'Ukraine.
Le «rôle central» de l'UE doit être «entièrement reconnu», a affirmé dimanche la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est lui montré circonspect sur la possibilité d'un accord sur un plan d'ici jeudi comme le souhaite le président américain. Une réunion en ligne des pays soutenant l'Ukraine est attendue pour mardi après-midi.
Moscou offensive
Zelensky est sous pression pour accepter de mettre un terme à la guerre, alors que les Européens refusent que Kiev capitule face à Moscou. De même, des affaires de corruption fragilisent sur le plan intérieur sa stature auprès des Ukrainiens.
A Moscou, le président russe Vladimir Poutine a lui jugé que le plan américain pouvait contribuer à «un règlement pacifique définitif» du conflit lancé en 2022. Il s'est dit prêt à une «discussion approfondie de tous les détails» du texte établi par Washington. La Russie cherche à revenir au G8 et à obtenir une levée des sanctions contre elle.
Après plus de trois ans de guerre, elle a récemment conquis de nouvelles villes et a mené des attaques dans plusieurs régions de l'ouest du pays, jusqu'à présent peu affectées. Le pays s'en prend également aux infrastructures énergétiques, de quoi faire redouter à l'ONU et aux organisations humanitaires un hiver plus ardu encore que l'année dernière pour la population.