Noyé dans le brouillard des montagnes verdoyantes du sud d'Oman, un gouffre gigantesque creuse une brèche dans le paysage: de ses profondeurs s'échappent des sons mystérieux qui ont nourri mythes et légendes parmi les tribus locales.
Cet impressionnant effondrement de terrain est l'un des quatre gouffres qui perforent le gouvernorat du Dhofar, parmi lesquels Kahf Teiq, profond de 211 mètres et large de 150 mètres, considéré comme l'un des plus grands au monde. Au gouffre de Tawi Ataïr, les touristes déambulent volontiers sur des sentiers et escaliers en béton. Mais toutes ces cavités ne sont pas aussi accueillantes.
«Puits des oiseaux»
Situé à 40 minutes de route en montagne, le gouffre de Sheeheet est entouré d'une boue glissante, ce qui a poussé les autorités à ériger une clôture et à installer des panneaux d'avertissement.
Lors de la visite de l'AFP, un touriste a glissé alors qu'il se trouvait à quelques pas du bord. Le gouverneur du Dhofar, Marwan ben Turki Al-Saïd, a assuré lors d'un point presse en présence de l'AFP que la sécurité sur ces sites restait une priorité. Tawi Ataïr signifie «Puits des oiseaux» dans la langue locale des habitants du Dhofar, une référence aux gazouillis amplifiés et déformés par l'écho des parois rocheuses.
Une faune particulière
Selon des habitants de la région, toute une faune a élu domicile dans ce gouffre où l'eau circule en profondeur: oiseaux et reptiles y cohabitent avec des porcs-épics et des babouins. Le site a gagné en popularité après 1997, lorsqu'une équipe de chercheurs slovènes, en collaboration avec l'université Sultan Qabous d'Oman, l'a révélé à l'international.
Désormais, ces gouffres sont promus comme une attraction touristique dans le Dhofar, dont le climat doux attire les visiteurs du Golfe pendant les étés torrides. Les légendes locales racontent qu'ils seraient le résultat d'impacts de météorites - des frappes venues de l'espace qui auraient creusé ces cratères colossaux. Mais pour Ali Faraj Al-Kathiri, géologue basé dans le Dhofar, l'explication est plus terre-à-terre: l'eau qui s'infiltre dans le calcaire poreux forme un acide qui le dissout lentement, creusant ces cavités sur plusieurs milliers d'années.
Les gouffres d'Oman ne doivent pas être confondus avec le «Puits de l'enfer»: le puits noir et malodorant de Barhout, situé de l'autre côté de la frontière au Yémen, et réputé abriter des démons. Longtemps en marge des grands circuits touristiques, Oman attire désormais un public croissant en quête de nature préservée et d'authenticité. Le pays a accueilli près de 4 millions de touristes en 2024, et le gouvernement vise à tripler ce chiffre d'ici 2040 en misant sur un tourisme durable.