L'ambassadeur américain en France a été convoqué lundi au Quai d'Orsay après des critiques jugées inacceptables par Paris sur «l'absence d'action suffisante» contre l'antisémitisme d'Emmanuel Macron. L'intention du président français reconnaître un Etat palestinien ulcère Israël et les Etats-Unis.
Dans une lettre adressée au chef de l'Etat, Charles Kushner, en fonction depuis quelques semaines en France, exprime «sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme en France et à l'absence d'action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre», rejoignant les récentes critiques du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
Des accusations «inacceptables» et qui violent le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat, selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, qui les «réfute fermement».
Soutenu par les Etats-Unis
Le département d'Etat américain a dit «soutenir les propos» de son ambassadeur. Charles Kushner, père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, «est le représentant du gouvernement des Etats-Unis en France et effectue un travail remarquable en faisant progresser nos intérêts nationaux dans ce rôle», a affirmé son porte-parole adjoint, Tommy Pigott.
Sollicités lundi après-midi, ni le Quai d'Orsay ni l'ambassade américaine n'ont confirmé dans l'immédiat si le diplomate avait bien été reçu. La convocation au Quai d'Orsay d'un ambassadeur américain est un événement rare mais pas sans précédent. En octobre 2013, le représentant de Washington avait été convoqué après les révélations d'Edward Snowden selon lesquelles la NSA aurait intercepté massivement des communications en France.
En juin 2015, sa successeure Jane Hartley avait également dû s'expliquer sur les documents de WikiLeaks attestant de l'écoute par la NSA des appels de trois présidents français (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande).
Macron «alimente le feu antisémite»
Les critiques du diplomate américain interviennent quelques jours après une violente charge de Benjamin Netanyahu contre le président français qu'il accuse «d'alimenter le feu antisémite» en appelant à la reconnaissance internationale de l'Etat de Palestine. Une analyse «erronée, abjecte et (qui) ne demeurera pas sans réponse», avait déjà répliqué la présidence française.
Dans sa lettre, l'ambassadeur américain reprend l'argumentaire de Netanyahu. «Des déclarations qui vilipendent Israël et des gestes en reconnaissance d'un Etat palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France», estime Charles Kushner.
Selon l'ambassadeur, «il ne se passe pas un jour en France sans que des Juifs soient agressés dans les rues, des synagogues et des écoles dégradées et des entreprises appartenant à des Juifs vandalisées». L'antisémitisme a atteint des seuils «intolérables», a reconnu lundi la ministre française chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé.